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Première ouverture d'un cinéma en Arabie saoudite depuis 35 ans

le Quotidien du Peuple en ligne | 20.04.2018 09h19

Les lumières se sont éteintes et tout d'un coup, applaudissements et huées surgirent d'une foule d'hommes et de femmes tandis que la superproduction hollywodienne « Black Panther » était diffusée dans le premier cinéma d'Arabie saoudite.

Bien qu'il se soit agi ce 18 avril d'une projection privée sur invitation seulement, pour beaucoup de Saoudiens, elle a marqué l'un des moments les plus clairs du plus fort vent de changement qui souffle sur leur pays depuis des décennies. Cette ouverture est considérée comme faisant partie d'une nouvelle ère dans laquelle les femmes seront bientôt autorisées à conduire et les habitants du royaume wahhabite pourront aller à des concerts et des défilés de mode, et plonger leur main dans un seau de pop-corn au cinéma.

« C'est une nouvelle ère, un nouvel âge, c'est aussi simple que ça, les choses évoluent, les progrès se produisent, nous nous ouvrons et nous rattrapons tout ce qui se passe dans le monde », a déclaré Rahaf Alhendi, un des spectateurs de l'évènement. Les films projetés dans les cinémas saoudiens seront toutefois soumis à l'approbation des censeurs du gouvernement, et la première du 18 avril soir n'a pas fait exception. Les scènes de violence n'ont certes pas été coupées, mais une scène finale impliquant un baiser a elle disparu sous les ciseaux de la censure.

Pourtant, c'est un retournement radical pour un pays où les projections publiques de films ont été interdites dans les années 1980 au cours d'une vague d'ultraconservatisme qui balaya alors l'Arabie Saoudite. Beaucoup de religieux saoudiens considèrent les films occidentaux et même les films arabes tournés en Egypte et au Liban comme des péchés. Malgré des décennies de dogmes ultraconservateurs, le prince héritier Mohammed bin Salman a mené à bien un certain nombre de réformes sociales majeures avec le soutien de son père, le Roi Salman, pour satisfaire les désirs de la majorité de la population jeune du pays.

Les réformes sociales entreprises par l'héritier du trône âgé de 32 ans font partie de sa « Vision 2030 », un plan pour l'Arabie saoudite qui vise à stimuler les dépenses locales et à créer des emplois dans un contexte de baisse soutenue des prix du pétrole. Le gouvernement saoudien prévoit que l'ouverture de cinémas contribuera pour plus de 90 milliards de riyals (24 milliards de dollars) à l'économie et créera plus de 30 000 emplois d'ici 2030. Le royaume a annoncé qu'il y aura 300 cinémas avec environ 2 000 écrans construits d'ici 2030. L'Arabie saoudite avait déjà commencé à assouplir progressivement les restrictions sur les projections de films au cours des dernières années, avec des festivals de films locaux et des projections dans des théâtres de fortune. Pour l'essentiel, cependant, jusqu'à présent, les Saoudiens qui voulaient regarder un film dans une salle de cinéma devaient se rendre à Bahreïn ou aux Emirats Arabes Unis pour des week-ends de cinéma.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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