Miguel Díaz-Canel devient le nouveau président d'un Cuba sans la famille Castro

Cuba vient de tourner une page de son histoire : Raúl Castro a confié le 19 avril la présidence du pays à un successeur de 57 ans qui, selon lui, détiendra le pouvoir jusqu'en 2031, un plan qui placera l'Etat que les frères Castro ont fondé et gouverné depuis 60 ans entre les mains d'un responsable du Parti communiste cubain que la plupart des habitants de l'île ne connaissent guère. Le discours d'adieu de 90 minutes de Raúl Castro a offert sa première vision claire de la future structure de pouvoir de la nation sous le nouveau président Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez, annonçant qu'il prévoyait que l'ingénieur en électronique aux cheveux blancs occuperait deux mandats de cinq ans à la tête du gouvernement cubain et qu'il prendrait la tête du Parti communiste, l'autorité suprême du pays, lorsque lui-même quittera cette puissante position en 2021.

« A partir de ce moment-là, je ne serai seulement qu'un autre soldat qui défendra cette révolution », a déclaré Raúl Castro, âgé de 86 ans, ajoutant sur un ton humoristique qui lui est propre qu'il avait hâte d'avoir plus de temps pour voyager dans le pays. De son côté, dans son discours d'une demi-heure à la nation, M. Diaz-Canel s'est engagé à préserver le système communiste de Cuba tout en réformant progressivement l'économie et en rendant le gouvernement plus réceptif au peuple. « Il n'y a pas de place ici pour une transition qui ignore ou détruit l'héritage de tant d'années de lutte », a déclaré le nouveau président. « Pour nous, il est tout à fait clair que seul le Parti communiste cubain, force dirigeante de la société et de l'Etat, garantit l'unité de la nation de Cuba ».

M. Diaz-Canel a ajouté qu'il travaillerait à mettre en œuvre un plan à long terme établi par l'Assemblée nationale et le Parti communiste qui continuera à permettre la croissance limitée des entreprises privées comme les restaurants et les taxis, tout en laissant les secteurs les plus importants de l'économie. Comme l'énergie, les mines, les télécommunications, les services médicaux et la production de rhum et de cigares entre les mains de l'État. « Le peuple a confié à cette assemblée le mandat d'assurer la continuité de la révolution cubaine au cours d'un moment crucial et historique qui sera défini par tout ce que nous réaliserons dans la modernisation de notre modèle social et économique », a souligné M. Diaz-Canel.

Après avoir officiellement succédé à son charismatique frère aîné Fidel en 2008, Raúl Castro a lancé une série de réformes qui ont conduit à une expansion rapide du secteur privé cubain et à l'essor de l'utilisation des téléphones portables et d'Internet. Cuba a aujourd'hui un marché immobilier dynamique et l'un des aéroports à la croissance parmi les plus rapides du monde. Le nombre de touristes a plus que doublé depuis que Raúl Castro et le président Barack Obama ont rétabli leurs relations diplomatiques en 2015, faisant de Cuba une destination pour près de 5 millions de visiteurs par an, malgré un refroidissement des relations sous l'administration Trump. Désigné unique candidat, M. Diaz-Canel a été élu par les députés pour un mandat renouvelable de cinq ans, « avec 603 voix sur 604 possibles, soit 99,83% des suffrages », a annoncé devant l'Assemblée Alina Balseiro, la présidente de la Commission nationale électorale.