Dernière mise à jour à 08h41 le 22/06
A l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, des participants du réseau européen des villes solidaires impulsé par la Ville de Strasbourg et des citoyens de tous horizons se sont retrouvés mercredi au Lieu d'Europe pour manifester leur soutien aux migrants et demandeurs d'asile alors que l'Union européenne (UE) est plus que jamais empêtrée dans le dossier migratoire.
Nombreux sont ceux qui ont répondu présents, mercredi, dans la capitale européenne, à l'invitation du maire Roland Ries, à célébrer la Journée mondiale des réfugiés. "Près de trois ans se sont écoulés depuis l'été 2015 qui, à travers la photo du petit Aylan, a mis en lumière l'ampleur du défi auquel l'Europe est confrontée en matière d'accueil et d'intégration dignes des personnes réfugiées", a rappelé l'édile strasbourgeois en lançant la manifestation.
Au Lieu d'Europe, site ouvert à tous dédié à "l'éducation à la citoyenneté européenne", installé près des nombreuses institutions européennes qu'abrite la ville alsacienne, des tables-rondes et manifestations en tout genre, ainsi que des actions symboliques, se sont déroulées pendant toute la journée avant de se terminer dans la soirée en musique.
Plusieurs participants, interrogés par Xinhua, ont expliqué qu'ils souhaitaient exprimer leur solidarité à l'égard des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés, alors que l'errance sordide en Méditerranée du navire humanitaire l'Aquarius, balloté de ports en ports pour finalement accoster en Espagne, a frappé les esprits.
Même si comparaison n'est pas raison, certains n'hésitent pas à faire un parallèle historique avec le bateau Exodus, qui, en 1947, transporta des Juifs vers la Palestine mandataire.
"Aujourd'hui, la mobilisation de la Ville de Strasbourg et de ses partenaires reste pleine et entière. Des actions et des programmes innovants ont été déployés, en particulier au cours de ces derniers mois", se félicite le maire Roland Ries.
A l'initiative de la Ville de Strasbourg, le réseau européen des villes solidaires, réunissant plus d'une centaine de villes, œuvre en effet au développement d'un "plan d'actions innovant autour de quatre axes prioritaires : l'accès à la formation des nouveaux arrivants, le développement de nouvelles connexions entre les réfugiés et la population locale, la mise en réseau des acteurs et enfin le partage d'expériences".
"Au niveau européen avec mon adjointe, Nawel Rafik-elmrini, et à l'échelle locale avec mon adjointe, Marie-Dominique Dreysse, nous nous mobilisons pour élaborer et développer des solutions conjointes qui répondent aux enjeux qui se posent à nous", plaide l'édile strasbourgeois tandis que d'autres villes de France, notamment dans le sud-est du pays, se distinguent par des polémiques récurrentes en matière d'accueil des réfugiés.
Strasbourg participe d'autre part au Refugee Food Festival qui, pour sa 3ème édition, se déroule jusqu'au 24 juin dans plusieurs villes du monde: Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Marseille, Bruxelles, Madrid, Athènes, Amsterdam, Bologne, San Francisco, New York et le Cap...
Ce concept, fruit d'une initiative citoyenne, est organisé par des citoyens qui se portent volontaires pour développer le projet dans leur ville, avec le soutien de l'association Food Sweet Food et le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR).
Depuis le pic migratoire de l'été 2015, l'Union européenne, quant à elle, ne parvient toujours pas à instaurer une politique migratoire commune et brille au contraire par son incapacité à appliquer les accords de relocalisation des migrants, pourtant actés.
La question des réfugiés est d'autre part de plus en plus instrumentalisée par les partis d'inspiration populistes, qui, à moins d'un an de l'élection qui va renouveler le Parlement européen en mai prochain, jouent sur les peurs des populations du Vieux continent.
La question migratoire apparaît comme un des symptômes les plus emblématiques des contradictions et des échecs d'une Union européenne, tiraillée entre ses valeurs d'accueil et de volonté d'ouverture des frontières d'un côté, et d'autre part, son incapacité - jusqu'ici - à mettre en place un système en adéquation avec ses principes.
La presse européenne, cette semaine, s'en est fait l'écho retentissant. Lors d'un sommet au château de Meseberg mardi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont certes trouvé un terrain d'entente sur des propositions de réforme de l'UE, dont un budget pour la zone euro. Mais les éditorialistes se sont montrés très sévères.
"Tout est éclipsé par des problèmes liés à la politique intérieure allemande et par la sempiternelle crainte allemande de dépenser trop pour cette Europe dont on nous dit pourtant qu'elle est notre avenir, le seul que nous ayons. C'est le comble de l'étroitesse d'esprit et des comptes d'apothicaire; la politique européenne allemande ne saurait être plus contradictoire", n'a ainsi pas hésité à commenter Deutschlandfunk.
Et de poursuivre: "Au demeurant, Emmanuel Macron a apporté à Angela Merkel un soutien réconfortant sur un point : lui aussi est favorable à une politique en matière de réfugiés basée sur une concertation européenne - cette politique même que Merkel revendique, mais ne parvient pas à imposer en Allemagne face à la CSU".