Dernière mise à jour à 08h38 le 19/03
Au lendemain d'un nouveau week-end de manifestations des "Gilets jaunes", émaillé de graves violences à Paris, le président français Emmanuel Macron a réuni lundi à l'Elysée le ministre de l'Intérieur, le Premier ministre et la garde des Sceaux.
Quatre mois après le début de la contestation des "Gilets jaunes", l'Exécutif prête désormais le flanc à de sérieuses critiques sur sa stratégie de maintien de l'ordre. L'autorité de l'Etat est contestée et le chef de l'Etat apparaît enlisé dans la crise sociale et politique inédite qui a surgi sur les ronds points de l'Hexagone.
Le bilan de l'Acte 18 des "Gilets jaunes" est sévère pour le pouvoir : pas moins de 17 membres des forces de l'ordre, un pompier et 42 manifestants ont été blessés à Paris, selon la préfecture, alors que 200 personnes ont été placées en garde à vue, a annoncé le Parquet de Paris à l'issue de cette journée d'action qui, d'après le ministère de l'Intérieur, a rassemblé 32 300 participants, soit près de 4 000 de plus que le 9 mars, dont 10 000 à Paris.
Près d'une centaine de commerces ont été touchés dans la capitale, a indiqué lundi dans un communiqué la chambre de commerce et d'industrie (CCI) d'Ile-de-France.
Des scènes de pillage, d'incendie et d'affrontements sur les Champs-Elysées : cette nouvelle flambée de violence a été relayée en boucle par les chaînes d'info en continu en France comme à l'étranger.
Dans ce contexte, l'Exécutif a été contraint dès dimanche soir de reconnaître des "dysfonctionnements" dans le dispositif de maintien de l'ordre. Il a du se résoudre à reconaître, dans un communiqué, "des insuffisances dans son exécution qui n'ont pas permis de contenir ou prévenir les violences".
Mardi, les ministres de l'Intérieur et de l'Economie sont par ailleurs convoqués au Sénat où ils seront auditionnés par les commissions des Lois et des Affaires économiques "sur les moyens mis en place pour faire face à ces troubles et sur les conséquences de ces nouvelles dégradations sur la situation du commerce et l'attractivité économique de notre pays", a précisé dimanche dans un communiqué le Sénat où la droite est majoritaire.
De multiples voix, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, s'élèvent pour critiquer la stratégie de maintien de l'ordre du gouvernement. La polémique enfle dans l'Hexagone : Comment expliquer que de telles violences, malgré le déploiement de forces policières sans précédent, aient pu se produire en plein Paris alors que les services de renseignements territoriaux avaient alerté quant aux risques de débordement et que les menaces d'une infiltration de la manifestation par des éléments radicaux comme les black blocks étaient connues?
La question du départ du préfet de Paris, Michel Delpuech, est posée. Tout comme celle de la légitimité et de l'autorité du ministre de l'Intérieur.
Samedi dernier, la gendarmerie a confirmé l'usage pour la première fois en métropole d'un nouveau gaz sous forme de poudre incapacitante et équivalent à 200 grenades lacrymogènes.
L'Exécutif a d'ores et déjà promis des "mesures fortes" "dans les meilleurs délais". L'interdiction des manifestations sur les Champs-Elysées serait envisagée par le chef de l'Etat. Des annonces sont attendues dans les 24 heures pour faire face à l'Acte 19 alors que vient d'être adopté un nouvel arsenal juridique coercitif avec la loi anti-casseurs, un texte qui a divisé la majorité dont une partie le juge liberticide.
M. Macron, qui, grâce au Grand débat national, semblait, d'après les sondages, avoir regagné du terrain dans l'opinion publique, se trouve par ailleurs désormais confronté à une autre contestation, elle aussi née sur les réseaux sociaux : la grève des jeunes pour le climat, vendredi, ainsi que la Marche du Siècle samedi.