Un libraire privé, connu pour être le premièr en Chine à être passé à l'international, a tiré de nombreux profits en vendant des livres sur le Parti communiste chinois (PCC) dans le monde entier. Huang Yongjun reconnaît la vache à lait, mais ne se soucie guère de la politique. Cependant, il s'attend à une mesure de soutien tacite et de la reconnaissance des fonctionnaires.
«Je ne peux rien faire sans argent, et c'est seulement en faisant des bénéfices que j'ai l'opportunité de mieux présenter le PCC dans le monde», a déclaré Huang au Global Times, lors d'un entretien téléphonique depuis le Royaume-Uni, où il fait la promotion de ses livres.
Après des années de travail en tant qu'éditeur en Chine, il a créé une société à Londres en 2008 nommé ‘New Classic Press'.
Jusqu'en 2010, ses éditions ne parlaient pas du Parti communisme, mais traitaient des sujets allant du business en Chine à la médecine traditionnelle chinoise.
Ces livres n'ont pas obtenu toute l'attention des responsables, a expliqué Huang. Un haut fonctionnaire, a visité son stand à la Foire du livre de Francfort en 2010, mais est parti sans laisser un seul commentaire.
Cette scène a rendu l'éditeur très triste. « En tant qu'homme d'affaires, j'ai besoin psychologiquement de l'encouragement et du soutien des fonctionnaires» a-t-il confié.
Le sens de l'honneur
Toujours perplexe, Huang Yongjun s'est tourné vers un ami pour avoir un conseil. « Tu devrais publier quelque chose sur le PCC», ce proche a jugé que les livres de Huang étaient trop traditionnels, et que des ouvrages sur le PCC trouveraient plus d'acheteurs chez les fonctionnaires.
Huang a alors décidé la sortie d'un livre, ‘Pourquoi et comment fonctionne le PCC en Chine', publié en 2011, l'année qui a marqué le 90e anniversaire du Parti.
Edité par Xie Chuntao, professeur à l'Ecole du Parti du Comité central du PCC, cet écrit raconte les secrets de la réussite du Parti, tout en expliquant comment il construit une nouvelle Chine et pourquoi il conserve le soutien du public en dépit d'avoir commis des erreurs coûteuses.
Huang Yongjun avait traduit l'ouvrage par ‘Chine ! Chine !! Chine !!! Qu'est ce qui fait le succès du Parti communiste chinois ?
« Avec ce titre, je voulais que les gens sachent immédiatement que cela parlait de la Chine. Avec ces points d'exclamation pour aider à éveiller la curiosité et l'attention des lecteurs».
Ce livre a conduit Huang à sentir un sens de l'honneur et de la mission.
Le 23 Décembre 2011, il a été accueilli par de hauts responsables, notamment Liu Yunshan, alors chef du Département de l'information du Comité central du PCC. «Ce jour-là, ma photo pouvait être vu au cours du ‘Xinwenlianbo', le programme majeur d'actualité de CCTV", a souligné le libraire.
Huang a reconnu n'avoir pas encore lu le best-seller, qui lui avait apporté la renommé. Quant à savoir comment il choisit ses livres, il a indiqué qu'il regardait si le sujet concernait le PCC et s'il y avait un titre accrocheur.
Chine! Chine!! Chine!!! A été vendu jusqu'à présent à 8000 exemplaires à l'étranger, mais l'homme a refusé de dévoiler quelle somme il avait gagné, admettant seulement qu'il a dû débourser 10 000 yuans (1.618 dollars) aux éditions New World Press, pour les droits de publication et pour vendre le livre au Royaume-Uni.
La réussite pour lui, dépend de la sélection du livre, de sécuriser les droits linguistiques en anglais, de l'embauche de traducteurs et de locuteurs natifs pour les corrections et la relecture, et de trouver un titre accrocheur avant de le vendre à l'étranger.
Interrogé, quand à savoir si cette sélection thématique limitée signifierait que des sujets de certains livres pouvaient se chevaucher, Huang a répondu qu'il y avait de nombreux ouvrages parlant du Parti communiste chinois et qu'il y avait de nombreux choix à faire. « J'embauche des doctorants pour juger quels livres sont de bonne qualité».
Naturellement, certains ont du mépris pour les publications de Huang, lui le porte-parole du PCC ou le larbin de service. L'homme a tenu à réagir : «Mon seul intérêt est la vente de livres, je ne représente pas la position politique du Parti communiste chinois. L'Ouest ne prône t-elle pas la liberté d'expression et de presse ? ».
Pour les experts de l'industrie, le meilleur choix pour l'introduction d'ouvrages concernant le PCC dans le monde serait de choisir une maison d'édition étrangère.
New World Press a déjà essayé une fois de vendre les droits d'une publication en anglais à des libraires à l'étranger, notamment au Groupe Penguin, mais cela a échoué pour des raisons politiques, selon Li Shujuan, directrice du département éditorial en langue anglaise de New World Press.
« Les Libraires comme Huang sont populaires auprès des éditeurs de livres chinois comme nous, mais cela est difficile pour un étranger de promouvoir des titres sur le Parti communiste qui reste un sujet sensible», a déclaré Li au Global Times.
En Chine, les libraires privés obtiennent encore peu de soutien du gouvernement, bien que ce dernier ait encouragé l'industrie de l'édition pour aider à la diffusion de culture chinoise à l'étranger.