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Mariage tardif ou célibat ? Où en sont les jeunes Chinois

le Quotidien du Peuple en ligne | 10.07.2018 11h20

Les jeunes Chinois, en particulier ceux des grandes villes du pays, sont confrontés à une doctrine confucéenne pluriséculaire, qui pousse les hommes et les femmes à se marier jeunes.

Pourtant, les données publiées par le ministère des Affaires civiles ont récemment montré que le nombre de couples mariés au premier trimestre de cette année a chuté de 5,7% d'une année sur l'autre à moins de 3,1 millions. Les chiffres étaient même extrêmement bas dans les villes et les régions développées comme Shanghai, Tianjin et la province du Zhejiang.

Le nombre de mariages nouvellement enregistrés a baissé de 29,54% par rapport à il y a cinq ans.

« Avec le développement économique et social en cours, les différentes générations perçoivent le mariage différemment », a déclaré Lu Jiehua, professeur de sociologie à l'Université de Beijing.

« Le mariage tardif et le célibat ne sont pas inhabituels dans la population née dans les années 1980 ou 1990, car le mariage n'est plus le seul choix de vie dans une société qui devient de plus en plus tolérante », a-t-il souligné.

Alors pourquoi les jeunes Chinois hésitent-ils à se marier ?

Yu Xian, auditeur à Beijing, se plaint d'heures de travail excessives et d'une compétition intense, qui lui laissent peu de temps pour parler d'amour, et encore moins pour se marier. Il a également mentionné qu'il n'a toujours pas les moyens d'acquérir un logement avant au moins 35 ans, ce qui pourrait déplaire à sa future belle-mère.

Xu Shan, une employée de bureau à Shanghai, avoue quant à elle que le changement de mode de vie de personne seule une personne mariée n'est pas une transition facile. « Le mariage va augmenter les coûts de la vie avec une courbe de croissance consécutive, sans parler du coût énorme d'avoir un enfant -et les couples mariés veulent généralement des bébés », a-t-elle dit.

Parallèlement à une voiture et un logement, la décision de se marier doit aussi faire l'objet de réflexions sérieuses.

« L'âge, je n'y accorde pas plus d'attention que ça, mais je dois trouver quelqu'un qui partage la même vision de la vie avec moi et quelqu'un qui peut communiquer avec moi comme une âme soeur, parce que le mariage est une expérience unique », a déclaré Lu Zifu de Nanjing, capitale de la province du Jiangsu, où il possède une automobile et un appartement.

Pour Zhai Zhenwu, professeur à l'École des sciences sociales et de démographie de l'Université Renmin de Chine, la baisse des taux de natalité, l'enseignement supérieur et l'urbanisation ont fait baisser le taux de mariage.

Selon M. Zhai, le taux de natalité n'a cessé de baisser depuis 1990. Par exemple, il a chuté à 16,75% en 1997 contre 21,06% en 1990.

La popularité de l'enseignement supérieur chez les jeunes a également affecté l'âge moyen du mariage. « Beaucoup d'étudiants de ma classe ont 27 ou 28 ans et la plupart d'entre eux n'ont aucun projet de mariage avant l'obtention de leur diplôme », a ainsi déclaré Wang Jie, actuellement en études de doctorat à Beijing.

En outre, certains experts estiment que la taille colossale de la migration d'urbanisation a également entravé le taux de mariage, ce qui, cependant, se produit dans de nombreux pays.

« Les pays développés aiment l'option du divorce », a souligné Shi Zhilei, directeur du Centre de recherche sur la démographie et la santé à l'Université d'économie et de droit de Zhongnan.« Que vous soyez marié, célibataire ou divorcé, les gens devraient être respectés pour leurs propres choix », a-t-il ajouté.

Cependant, en dépit du libre choix et de la tolérance sociale, le faible taux de nuptialité pourrait entraîner par ricochet un faible taux de natalité et affecter la structure démographique de la Chine, un probleme particulièrement critique à l'heure où le pays est confronté à une société vieillissante. C'est pourquoi de nombreux experts conseillent à la Chine de prolonger les congés matrimoniaux et de maternité, de réduire les taxes sur les unités familiales et de stabiliser les prix des logements dans les villes de premier rang pour les aider à se marier.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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