Au Tchad, la prise en charge des dizaines de milliers de personnes ayant fui les exactions en République Centrafricaine voisine, reste sous-financée et les besoins humanitaires toujours énormes, selon le dernier rapport de situation produit par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en collaboration avec les partenaires humanitaires.
"Le Plan opérationnel de réponse à l'impact de la crise centrafricaine au Tchad, d'un montant d'environ 127 millions de dollars est financé à 30 millions de dollars, soit 24% des fonds requis", précise le rapport d'Ocha que Xinhua a obtenu copie. Les acteurs humanitaires ont besoin de fonds additionnels pour améliorer la réponse à l'impact de la crise, notamment dans les secteurs des abris (financé à environ 2%), de la santé (financé à hauteur de 9,3%) et de la logistique (environ 6%). La protection ( 18%) et la sécurité alimentaire (32%) sont également à renforcer vu les défis existants sur les sites et camps temporaires au sud.
Si l'Agence d'aide humanitaire de l'Union européenne (Echo) a annoncé la disponibilité d'une enveloppe d'un million d'euros pour la réponse aux impacts de la crise centrafricaine au Tchad, les défis restent énormes, notamment en matière d'abris.
113.086 retournés et refugiés de la République Centrafricaine enregistrés depuis le début de l'année 2013, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).
Au 15 septembre, plus de 21.000 personnes habitaient dans un camp temporaire dans la périphérie de N'Djaména, la capitale du Tchad, et deux autres au sud du pays et un autre.
Néanmoins, plus de 41.000 personnes restent actuellement dans les sites de transit au sud. Enfin, en dehors des sites, plus de 18.000 personnes se trouvent dans des familles hôtes ou sous des abris de fortune dans deux régions frontalières avec la Centrafrique.
"Les relocalisations des sites de transit dans le sud du pays vers les camps temporaires sont freinées à cause de délais dans l' aménagement des camps et de l'insuffisance d'espace permettant la construction de plus d'abris", déplore le rapport d'Ocha.
L'assistance des populations retournées vivant dans les familles d'accueil demeure toujours faible.
Une mission conjointe d'OCHA, du PAM et de la Croix-Rouge du Tchad à Baibokoum et Mbitoye entre le 10 et le 13 septembre révèle qu'au moins 3.700 retournés, la plupart des éleveurs peuhls, continuent de vivre dans des conditions difficiles. Ceux qui n'ont pas pu s'installer avec des familles d'accueil, habitent dans des abris de fortune. La présence d'environ 2.000 têtes de bétails arrivés avec les éleveurs pourrait engendrer des conflits dans la zone notamment avec l'arrivée de la récolte en octobre.
Au camp de Zafaye, dans la périphérie sud-est de N'Djaména, la capitale tchadienne, il reste un gap de 30% d'abris. "Actuellement, 675 abris sont utilisés pour les 4.893 personnes vivant sur le site (7 personnes par tente) avec une superficie en moyenne de 2, 5m2 par habitant. Les standards Sphère recommandent 3,5m2 par personne", indique le rapport des agences onusiennes.
Toutefois, l'ONG locale chargée de gérer le site a construit douze tentes supplémentaires pour loger dix-neuf nouvelles familles, ainsi que quatre tentes réservées aux plus vulnérables, désignés aussi comme malades mentaux.
Sur le plan sanitaire, les agences humanitaires confirment une recrudescence des cas de paludisme dans les sites. "Sur 3.300 malades consultés par l'ONG International Rescue Committee (IRC) dans les sites de Djako, Doyaba, Kobitey et Maingama, 1.665 souffrent de paludisme confirmé, soit un taux de morbidité proportionnelle de 50%", précise le texte.
Face à cette augmentation, les acteurs du secteur santé ( notamment la Croix-Rouge du Tchad et Médecins Sans Frontières) se mobilisent dans les actions curatives et préventives dans les camps temporaires, sur les sites de transit et auprès des populations des villages d'accueil. Les districts sanitaires sont aussi impliqués dans la réponse. Ils font non seulement la prise en charge des cas, mais également la donation des moustiquaires malgré leurs stocks très limités.
Les défis des personnes retournées de la Centrafrique sont également alimentaires. Le sixième cycle de distribution de coupons alimentaires par le Programme alimentaire mondial a été réalisé sur les sites de Baibokoum, Doyaba et Mbitoye. A la date du 15 septembre, un total de 32.580 bénéficiaires a été servi dans ces trois sites; l'assistance alimentaire est également en cours dans cinq autres. Pour le mois de septembre, ce sont près de 67. 000 personnes qui sont ciblées (y inclus 6.895 retournés intégrés dans les familles hôtes autour de Moissala dans la région du Mandoul). En 2013, le gouvernement tchadien a signé des conventions avec trois ONG nationales pour la gestion des sites temporaires; ces conventions se terminent en fin décembre 2014. Les trois ONG s'inquiètent pour la suite des activités au-delà de décembre 2014 vu que les besoins des personnes sur les sites demeurent importants.
"Le non renouvellement des conventions aura un impact négatif sur la coordination et la gestion des sites et de surcroit sur la réponse humanitaire pour les retournés", prévient OCHA. Le gouvernement tchadien est en train d'élaborer un plan à moyen et long terme du gouvernement, ce qui pourrait clarifier sa vision sur cette problématique.