Au lendemain de l'annonce de la tenue d'un référendum pour modifier la Constitution, l' opposition politique du Burkina Faso a lancé une campagne de " désobéissance civile".
"L'assemblée générale des chefs de partis de l'opposition (..) a décidé d'appeler le peuple burkinabè à une première journée de protestation sur toute l'étendue du territoire, mardi le 28 octobre, afin de dire non à la mascarade qui se prépare", a déclaré , Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC, opposition).
Selon l'opposition, cette journée qui s'inscrit dans la perspective d'une campagne de "désobéissance civile" prendra la forme d'un rassemblement à Ouagadougou à la Place de la Nation ( la plus grande de la capitale), dès 08H00, en vue d'une marche suivie de meeting.
"Ce jour-là, les travailleurs des marchés, du public et du privé sont invités à déserter leur lieu de travail pour rejoindre le cortège et les commerçants sont invités à fermer leurs boutiques", a prôné M. Diabré également ancien ministre du Commerce.
Agé aujourd'hui de 63 ans, le président burkinabè Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir en 1987 après avoir renversé son ex- compagnon d'armes Thomas Sankara et effectué deux septennats (1992- 1998 et 1998-2005) et terminera fin 2015 son deuxième quinquennat (2005-2010, 2010-2015).
Lui et ses partisans ont évoqué plusieurs fois l'idée d'un referendum pour modifier l'arcle 37 de la Constitution, suscitant la fronde de l'opposition politique et d'une partie de la société civile.
Mardi dernier, le gouvernement burkinabè a décidé de la transmission à l'Assemblée nationale d'un projet de loi en vue de la convocation d'un référendum portant sur le nombre de mandats au pouvoir, alors que l'opposition politique et une partie de la société civile ont manifesté plusieurs fois contre un éventuel mandat après 2015 du président Blaise Compaoré.
En vertu de la loi burkinabé, une majorité simple des 127 députés suffit pour autoriser la convocation du référendum, condition mathématique que remplie le camp présidentiel qui dispose avec ses alliés de 81 voix.
"L'opposition appelle tous les députés patriotes épris de paix et de liberté et ayant la dignité à se démarquer du clientélisme et du démarchage des rabatteurs politique", a dit M. Diabré, ajoutant que les députés vont "majoritairement" repousser ce projet de loi.
Le président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, opposition) des dissidents du parti au pouvoir, Roch Marc Christian Kaboré a, pour sa part, indiqué que même si son parti ne dispose pas pour l'instant de députés, "tout sera fait pour que le parti au pouvoir ne gagne pas les trois-quarts (76 voix) pour modifier la constitution".
M. Kaboré a, par ailleurs, indiqué que les votes se dérouleront par "bulletins secrets", car il s'agit d'un projet en vue de modifier la Constitution.
"Nous sommes passés de la phase de la dissuasion à la confrontation et nous sommes à la sous phase de la confrontation parlementaire", a soutenu le chef de file de l'opposition.
Selon le premier vice-président du PDS/Metba, le Pr Etienne Traoré, "les députés (de l'opposition) doivent voter contre, tout en essayant de convaincre ceux de la majorité qui hésitent".
Après la décision du gouvernement, plusieurs centaines de personnes ont manifesté en bloquant le trafic, mardi soir à Ouagadougou. Certaines artères de la capitale étaient encore prises en "otage" par des manifestants en colère mercredi matin.