Dernière mise à jour à 11h32 le 16/10
L'aide et le soutien financier apportés par le secteur privé à la lutte contre le changement climatique dans le monde ont atteint de nouveaux sommets, se félicite Janos Pasztor, sous-secrétaire général des Nations Unies en charge du changement climatique, dans un entretien exclusif à Xinhua.
En large des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Lima au Pérou, M. Pasztor précise qu'en 2015, les entreprises se sont engagées à "décarboner" leurs investissements à hauteur de 200 millions de dollars.
"Cette année, nous avons voulu vérifier si ces engagements étaient bien suivis d'effet. L'une des découvertes majeures de notre rapport montre que la plupart de ces entreprises le font effectivement, que certaines d'entre elles vont même plus loin que promis et que de nouvelles entreprises ont dévoilé leurs propres engagements", se réjouit ce responsable onusien.
Le rapport intitulé "Tendances mondiales des investissements dans les énergies renouvelables" révèle ainsi que le secteur privé semble forger une étroite relation avec le secteur public à l'approche de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre (COP 21).
Il cite ainsi cinq preuves de ce basculement de tendance.
Les entreprises du monde entier se sont ainsi engagées à investir des centaines de milliards de dollars pour lutter contre ces chagements climatiques, tandis qu'entre 50 et 70 milliards de dollars d'obligations vertes auront été émises en 2015.
Par ailleurs, le nombre de sociétés recourant à une politique de tarification interne du carbone a augmenté de 300% l'an dernier. Les investisseurs étoffent leurs actifs en "décarbonant" leur portefeuille, tandis que les compagnies d'assurances développent de nouveaux outils permettant de couvrir les risques climat.
S'il reconnaît que le secteur privé chinois est moins actif que le secteur public, Janos Pasztor salue les efforts réalisés, notamment en matière de marchés carbone.
"Nous avons conclu quelques accords avec les investisseurs institutionnels chinois, même si les apports n'ont pas été aussi élevés que nous l'espérions. Il doit y en avoir plus", note-t-il. "Toutefois, dans certains domaines comme les obligations vertes, l'engagement de la Banque populaire de Chine dans le financement climatique est tout à fait significatif".
Selon M. Pasztor, la politique du gouvernement chinois va pousser les sociétés privées comme publiques à aller dans ce sens. "La Chine vient de lancer un marché d'échange de crédits carbone à l'horizon 2017. Ceci va avoir des conséquences encore imprévisibles. Nous ne savons pas encore quelles implications positives il aura pour le monde et a fortiori pour la Chine", indique le responsable onusien.
Lors de sa rencontre en septembre avec son homologue américain Barack Obama, le président chinois Xi Jinping a en effet annoncé que son pays, premier pollueur mondial, allait lancer en 2017 un mécanisme national de droits d'émission négociables, qui concernera les secteurs de la métallurgie, de l'énergie, de la chimie, des matériaux de construction, de l'industrie papetière et des métaux non-ferreux.
Ce système poussera ainsi la Chine à promouvoir un secteur du BTP et des transports à faibles émissions de carbone. La part des bâtiments verts neufs passerait ainsi à 50% et celle de transports publics propres à 30% dans les grandes et moyennes villes d'ici 2020.
Cependant, Janos Pasztor avertit que cette hausse de l'implication du secteur privé n'est pas suffisante, même avec le renfort du secteur public, à empêcher la planète de voir sa température grimper de deux degrés Celsius.
"Les entreprises sont conscientes du danger. Nous sommes sur le point de basculer dans une économie à faibles émissions de carbone. Les entreprises qui sont ajourd'hui en tête de ce mouvement en bénéficieront à l'avenir, car elles auront réagi avant les autres", pronostique-t-il.
"Mais il nous faut tout faire aujourd'hui pour qu'un ensemble de mesures soit pris lors des négociations intergouvernementales, permettant ainsi d'accélérer le processus", conclut-il.