Dernière mise à jour à 13h37 le 09/01
L'Homo sapiens peut bien dominer l'Europe et l'Asie d'aujourd'hui. Mais des centaines de milliers d'années, bien avant nous soyons sur cette terre, elle était gouvernée par nos cousins désormais éteints, les Néandertaliens et les Dénisoviens. « Une chose importante à comprendre est que, étant donné que les Néandertaliens et les Dénisoviens ont vécu en Europe et en Asie pendant une période aussi prolongée, ils se sont probablement assez bien adaptés aux conditions locales », a dit Janet Kelso, biologiste à l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutionnaire. « C'est pourquoi ils étaient bien adaptés aux agents pathogènes, aux aliments qui étaient disponibles, et au climat ».
Venus de loin, les nouveaux arrivants qui envahirent les terres des Néandertaliens se trouvèrent probablement moins bien adaptés aux conditions locales. Alors quand l'Homo sapiens se mêla avec ces proches parents, cela lui donna aussi une chance de ramasser au passage quelques gènes avantageux. Janet Kelso et ses collègues ont examiné de près les génomes humains modernes à la recherche de chaînes d'ADN ressemblant étroitement à celles connues pour appartenir aux Néandertaliens et Dénisoviens. Et en effet, sur le chromosome humain N° 4, ils ont trouvé un fragment d'ADN archaïque, de 140 000 bases de long.
Les génomes de nombreux humains non-africains possèdent aujourd'hui cette séquence, qui comprend un groupe de gènes qui codent des récepteurs de type Toll ou TLR,-un type de protéine immunitaire qui détecte les pathogènes. Les trois gènes établissent un lien avec les espèces anciennes -connues sous le nom TLR1, TLR6 et TLR10– et font partie de la région du génome qui régule la réponse immunitaire initiale de l'organisme face à des bactéries étrangères. En prenant ces gènes chez les Néandertaliens, nos ancêtres ont renforcé leurs défenses immunitaires.
Le problème est, que l'augmentation de la vigilance immunitaire, aussi favorable soi-elle, a un effet secondaire : les allergies « Notre hypothèse est que c'est une sorte de compromis. Dans le passé, vous aviez besoin de résister à un certain type d'agent pathogène, et le compromis ou le sacrifice que vous avez dû faire alors pour cela est certaine réactivité accrue aux allergènes non pathogènes ». Alors la prochaine fois que certains d'entre vous seront affectés par ces si pénibles reniflements de printemps, plutôt qu'à vos parents, faites-en le reproche à votre lointain ancêtre, vous savez, celui avec les grosses arcades sourcilières…