Dernière mise à jour à 08h37 le 29/12
Des centaines de pommes de terre noircies ont été découvertes dans le sol d'un jardin préhistorique de Colombie-Britannique, au Canada. Vieux de 3800 ans, le jardin était autrefois sous l'eau, dans une zone humide écologiquement riche. Et, fait intéressant, il montre des signes de techniques d'ingénierie sophistiquées utilisées pour contrôler l'écoulement de l'eau pour cultiver plus efficacement ces pommes de terre, plus exactement des tubercules de wapato sauvages, également connus sous le nom de pommes de terre indiennes. Les archéologues, dirigés par Tanja Hoffmann du Katzie Development Limited Partnership et de l'Université Simon Fraser en Colombie-Britannique, ont découvert ce jardin pendant des travaux routiers faits sur le territoire de la Première Nation Katzie, juste à l'Est de Vancouver, près de la rivière Fraser.
Le site était resté gorgé d'eau pendant des siècles, permettant une bonne conservation des plantes et d'autres matières organiques comme des outils en bois, qui se seraient normalement désintégrés au fil du temps. Au total, les chercheurs ont compté 3 767 plants de wapato (Sagittaria latifolia), fragmentés ou entiers. Aujourd'hui, ces plantes se trouvent dans les zones humides du Sud du Canada et aux États-Unis. Bien qu'elles ne soient pas domestiquées, ces tubercules de la taille d'une châtaigne ont été pendant longtemps importants pour les peuples autochtones, et ils sont mentionnés dans certains des premiers comptes rendus ethnographiques du Pacifique Nord-ouest. Les explorateurs Meriwether Lewis et William Clark avaient ainsi reçu des wapatos dans un village indien situé près de l'actuelle Portland, dans l'Oregon. Dans son journal, William Clark avait écrit qu'ils ressemblaient à de « petites pommes de terre », et qu'après avoir été torréfiés, ils avaient « un goût agréable et pouvaient fort bien remplacer le pain ».
La couleur des tubercules antiques retrouvés en Colombie-Britannique avait viré du brun foncé au noir, et certains comportaient encore leurs féculents internes bien préservés. Le jardin découvert était recouvert de tubercules de taille uniforme et rangés de façon ordonnée, ce qui a conduit les chercheurs à conclure que ce dépôt a été fait par la main de l'homme. Les plants de wapato peuvent pousser profondément sous terre, mais une roche « plancher » artificielle aurait également contrôlé la profondeur à laquelle les racines pouvaient pénétrer. Cela aurait permis aux cultivateurs de trouver et de sortir plus facilement les tubercules de la boue.
Outre ce jardin gorgé d'eau, le site archéologique comportait aussi un endroit sec où des gens auraient vécu. Les chercheurs ont également découvert environ 150 outils en bois qui furent utilisés pour extraire les plantes. La datation au radiocarbone des fragments de bois brûlé retrouvés sur le site suggèrent qu'il date d'il y a 3 800 ans et fut abandonné il y a 3 200 ans. Selon le rapport fait sur cette découverte, ce site pourrait représenter la première preuve directe de la culture de plantes dans des zones humides dans la zone du Pacifique Nord-ouest de la préhistoire.