Dernière mise à jour à 09h54 le 09/02
Une nouvelle vasectomie à base de gel injecté s'est avérée efficace dans un groupe de singes, ce qui suscite l'espoir de pouvoir proposer bientôt une option contraceptive masculine permanente mais facilement réversible chez les humains. Le produit en question, baptisé Vasalgel, fonctionne en « bouchant » le canal déférent, les deux tubes minuscules qui diffusent les spermatozoïdes dans le sperme d'un mâle. Le gel « ne se décompose pas, et il se colle là où vous l'injectez », a précisé la chercheuse Catherine VandeVoort, professeure d'obstétrique et de gynécologie à l'Ecole de médecine Davis de l'Université de Californie.
Selon les résultats de l'étude, 16 macaques rhésus mâles qui se sont vus injecter le gel non hormonal se sont révélés incapables de reproduire. Aucune femelle n'est tombée enceinte en présence de ces mâles, même après être restés ensemble pendant au moins une saison de reproduction -environ 6 mois. « Nous sommes depuis plus de deux ans avec un groupe de ces mâles à qui nous avons injecté ce produit, et jusqu'à présent, ils sont tous restés stériles », a déclaré Catherine VandeVoort. « Nous le savons que parce que nous vérifions la filiation de chaque bébé qui est né au centre des primates ». Catherine VandeVoort est également scientifique au Centre national de recherche sur les primates de l’École de médecine Davis.
Les techniques de vasectomie traditionnelles coupent, écrasent ou ligaturent le canal déférent, causant des lésions tissulaires qui peuvent être difficiles à inverser, a précisé Mme VandeVoort. A l'inverse, les chercheurs espèrent dissoudre le bouchon de Vasalgel au point où une simple solution d'eau et de bicarbonate de soude permettrait de le chasser hors du canal déférent, restaurant facilement la fertilité d'un homme, a déclaré Elaine Lissner, co-auteur de l'étude. Le bouchon de gel a été éliminé avec succès chez des lapins mâles dans les essais sur les animaux, mais la réversibilité n'a pas encore été perfectionnée chez les primates, a précisé Mme Lissner, fondatrice et administratrice de la Fondation Parsemus, le groupe sans but lucratif finançant le développement du gel. Le but de la présente étude était surtout de déterminer si le Vasalgel empêcherait efficacement la conception.
Le groupe est maintenant à la recherche de financement pour passer à l'étape suivante chez les primates, qui consistera à tester la réversibilité. Les chercheurs se préparent également à des essais humains pour tester si le Vasalgel peut fonctionner comme contraceptif chez les hommes, a dit Mme Lissner. La Fondation Parsemus espère commencer à recruter des hommes pour un essai clinique d'ici la fin de l'année. Cependant, les résultats obtenus dans les études animales ne sont pas toujours répliqués chez l'homme, et il est donc trop tôt pour dire si le Vasalgel pourra devenir une forme viable de contrôle des naissances chez l'humain.
Le Dr Landon Trost, urologue et spécialiste de l'infertilité masculine avec la Mayo Clinic de Rochester, dans le Minnesota, estime quant à lui qu'il est peu probable que ce gel devienne une alternative à la vasectomie, sauf s'il est facilement réversible, notamment parce que la vasectomie traditionnelle a été affinée au point où elle est devenue une procédure très sûre et efficace qui prend de 4 à 10 minutes, a-t-il souligné, craignant par ailleurs que le gel puisse causer des cicatrices irréparables et des dommages par sa présence même, étant donné que les canaux déférents sont des vaisseaux minuscules et délicats, d'où l'importance des essais cliniques chez l'homme. Les résultats de l'étude ont été publiés en ligne le 6 février dans la revue Basic and Clinical Andrology.