Dernière mise à jour à 09h11 le 25/04
Un vétéran américain de la guerre en Afghanistan, dont les organes génitaux avaient été arrachés par une bombe placée au bord de la route, a reçu un pénis et un scrotum qui, selon les médecins, lui redonneront une capacité de fonctionner normalement.
Les médecins ont dit que la greffe, faite lors d'une opération qui a duré 14 heures, est une première médicale. L'ancien combattant, qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de confidentialité, a reçu une greffe de tissu menée par une équipe de 11 médecins -neuf chirurgiens plasticiens et deux chirurgiens urologues- à l'hôpital Johns Hopkins de Baltimore en mars.
La procédure a été le résultat d'années de recherche, d'études et de travaux sur des cadavres, ce qui a permis aux médecins d'espérer que, si elle réussissait, elle pourrait être utilisée pour les anciens combattants blessés et autres hommes atteints de blessures graves dans leur zone génitale. « Bien que les amputations d'extrémités soient visibles et que l'invalidité qui en résulte soit évidente, certaines blessures de guerre sont cachées et leur impact n'est pas largement apprécié par les autres » a dit W.P. Andrew Lee, directeur du département de chirurgie plastique et reconstructive de l'école de médecine de l'université Johns Hopkins, soulignant l'impact dévastateur de ce genre de blessures sur l'identité, l'estime de soi et les relations intimes des hommes.
Les médecins ont dit qu'ils espéraient que le patient, qui devrait sortir de l'hôpital cette semaine, retrouverait des fonctions urinaires et sexuelles « presque normales » après sa convalescence et que ses nerfs se rétabliraient au cours des prochains mois. « C'est une véritable blessure qui fait souffrir ; ce n'est pas facile à accepter », a déclaré le patient dans un communiqué. « Quand je me suis réveillé, je me sentais finalement plus normal ». La greffe comprenait un pénis entier, un scrotum et une paroi abdominale partielle d'un donneur, ce qui la rendue distincte des quatre autres greffes de pénis déjà faites, qui comprenaient seulement l'organe. Seules quelques procédures ont été couronnées de succès. Le patient a reçu une transfusion de moelle osseuse du donneur et devra également prendre des médicaments immunosuppresseurs pour empêcher son corps de rejeter l'organe greffé.
Environ 1 367 militaires hommes ont subi des blessures génito-urinaires de 2001 à 2013, selon les données du ministère de la Défense, citées par le Baltimore Sun. Elspeth Cameron Ritchie, une ancienne psychiatre de l'Armée de terre et auteur d'un livre sur l'intimité et les blessures, a déclaré au Sun que l'une des premières questions posées par les soldats après une blessure grave est de savoir si leurs parties génitales ont été touchées ou non. La blessure du militaire en Afghanistan a également nécessité l'amputation de ses deux jambes au-dessus du genou, mais il avait gardé secret l'étendue de son autre blessure. « Cette blessure, c'était comme si elle me bannissait de toute relation », a-t-il confié au New York Times. « C'était comme "Voilà, c'est fini pour toi, tu seras seul pour le reste de ta vie". Pendant une longue période, j'ai lutté avec moi-même pour me voir encore comme un homme », a-t-il dit.