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Gravement malade, il enseigne gratuitement aux enfants pendant 22 ans

le Quotidien du Peuple en ligne | 11.07.2018 10h29

Jiang Bing souffre de la très rare maladie de Charcot, connue aussi sous l'acronyme SLA (sclérose latérale amyotrophique), mais cela ne l'a pas empêché de survivre pendant plus de 30 ans, un véritable miracle.

Reconnaissant d'avoir pu vivre aussi longtemps, Jiang a décidé de donner des cours de soutien gratuits, il y plus de 20 ans déjà.

Jiang est né à Weinan, dans la province du Shaanxi, au nord-ouest de la Chine. En 1985, alors qu'il n'avait que 16 ans, Jiang fait une chute sur le trajet qui le mène à son lycée. Depuis, Jiang n'a jamais pu se relever.

Un docteur de Chengdu, dans la province du Sichuan, l'informe alors qu'il souffre d'une étrange maladie difficilement soignable, et lui conseille de ne pas perdre son temps à tenter de trouver un traitement. Le docteur lui confie alors qu'il ne survivra probablement pas au-delà de 23 ans.

À l'époque, Jiang ignore tout de sa maladie, mais ses parents commencent à s'occuper de lui et à le bichonner en lui préparant ses plats préférés.

« Je savais que j'avais une maladie qu'on ne pouvait pas soigner, et je pensais que j'allais vivre une courte vie. Une fois mes études du matin terminée, je partais faire les marchés, j'allais dans les parcs et dans d'autres endroits pour sentir et observer tout autour de moi », raconte Jiang.

« Je n'étais ni effrayé ni désespéré à l'époque et je profitais de chaque instant, passant chaque journée comme si c'était la dernière, car je ne savais pas quand j'allais quitter ce monde », explique-t-il.

Jiang raconte qu'il aimait observer et peindre les chevaux et les vaches qu'on vendait au marché. Plusieurs de ses toiles ont d'ailleurs été exposées au Japon où elles ont remporté un prix.

En juillet 1988, Jiang prend part aux examens nationaux d'admission à l'université. Ses notes sont au-dessus du seuil nécessaire pour rentrer à l'université Tongji de Shanghai, mais étant incapable de passer les épreuves physiques, l'admission lui est refusée.

Après avoir obtenu son baccalauréat, Jiang travaille comme agent public, son travail consiste alors à consigner la consommation de charbon des habitants. Après un an de service, Jiang arrête son travail.

Jiang commence alors à donner des cours de soutien scolaire à sa petite sœur, ce qui lui permet de rentrer à l'université en 1994. Les habitants de sa commune réalisent alors qu'il a la capacité d'enseigner aux enfants et lui demandent ses services.

« En 1995, j'ai commencé à donner des cours de soutien scolaire aux enfants. En dehors des matières générales, je leur enseignais également les beaux-arts et la poterie. Une fois, il m'est arrivé d'enseigner à 24 élèves rassemblés en une seule classe, et c'était gratuit pour tout le monde », raconte Jiang.

« Ces enfants et leurs parents m'ont eux aussi aidé, par exemple pour changer mes draps ou pour faire le ménage chez moi. Même si c'est difficile pour moi de me déplacer, j'aime quand même ce que je fais et je suis assez satisfait de ma vie », confie-t-il.

Entre 1995 et 2017, Jiang aide plus de 200 élèves. Au début du mois de mai 2005, Jiang perd complètement sa capacité à marcher et ne peut se déplacer qu'à l'aide d'une chaise roulante. Malgré cela, il continue de donner des cours de soutien.

« Un grand nombre de mes élèves ont obtenu un diplôme à l'université, certains sont devenus acteurs, d'autres designers et d'autres encore directeurs de service. Le travail de designer de Deng Hua par exemple lui a permis de remporter un lion d'or dans un concours à Cannes », rapporte-t-il.

Pour Zhao Feiyu, un de ses anciens élèves, l'enseignement de Jiang est consciencieux et complet et il n'a jamais demandé d'argent au cours des deux ans qu'ont duré les cours de soutien scolaire. « Il est à la fois mon professeur et mon ami », confie-t-il.

« Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j'ai lancé une école de formation d'art afin de faire comme Jiang et d'aider les élèves », raconte-t-il.

Cependant, Jiang et ses parents vieillissant au fil des années, il a fini par accepter de suivre le conseil de ses amis et reçoit à partir de cette année un salaire pour l'enseignement qu'il dispense.

« Je ne reçois que 450 yuans (58 euros) d'allocation par mois et je n'ai aucune autre source de revenus. Mais je vais continuer à enseigner gratuitement aux enfants pauvres », affirme Jiang.

Un fonctionnaire du bureau des ressources humaines et de la sécurité sociale de Weinan explique que Jiang pourrait demander à rejoindre l'assurance sociale des habitants des zones urbaines et rurales et demander l'assurance maladie des habitants en zone urbaine, des démarches qui pourraient lui donner droit à une plus grande allocation et de quoi payer ses frais médicaux.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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