A Tianjin, un professeur chinois travaille toujours à l'âge de 100 ans

À l'âge de 100 ans, Yang Enze, professeur à l'Université de Tianjin, se rend encore dans son laboratoire tous les jours et dirige ses étudiants dans des projets de recherche.

En tant que l'un des fondateurs de la communication optique en Chine, M. Yang n'a jamais quitté le front de la recherche scientifique. Il se tient au courant de ce qui se passe à son époque en lisant des articles en anglais sur l'intelligence artificielle.

Dans les années 1970, il était l'ingénieur en chef d'un système de communication par câble à fibres optiques construit à Wuchang et à Hankou, dans la province du Hubei (centre de la Chine), qui fut le premier projet de communication optique en Chine approuvé par le gouvernement. « Le système avait été proposé par l'ancien ministère des Postes et Télécommunications en 1978, alors qu'aucune recherche n'avait été encore effectuée dans ce domaine au niveau national », se souvient-il.

Le système de communication optique, couvrant une distance de 13,6 km, était constitué de trois fibres optiques fusionnées par des colleuses. Il a fallu trois jours à Yang et à ses collègues experts pour contrôler la perte de signaux. Limitée par les conditions techniques, la troisième partie de la fibre optique ne pouvait atteindre que 5,5 km, soit 1 km de moins que l'objectif. « Nous avons travaillé pendant tout l'été dans notre laboratoire. La chaleur régnait à Wuhan. J'ai continué à expérimenter encore et encore, n'ayant pratiquement pas le temps d'essuyer ma sueur », a raconté M. Yang.

Le projet a été lancé à la fin de 1982 et a été suivi de la mise en place de systèmes de communication optiques dans de nombreuses autres villes. L'industrie des communications optiques en Chine a connu un développement rapide.

Selon Yang, il rêvait de succès alors qu'il était étudiant. Il a été admis à l'Université de Wuhan en 1937, l'année où les troupes japonaises attaquèrent le pont de Lugou, également connu sous le nom de pont Marco Polo, à la périphérie de Beijing, le 7 juillet. Cet incident marqua le début du conflit à grande échelle menée par le Japon contre la Chine pendant la Seconde Guerre mondiale et déclencha la résistance totale de la Chine contre l'invasion.

L'université fut transférée dans la province du Sichuan l'année suivante avant que Wuhan ne tombe aux mains des forces ennemies. « Il y avait beaucoup de bombes, mais aucun des étudiants ne manquait le moindre cours tant que les sirènes de raid aérien ne retentissaient pas », a-t-il rappelé, ajoutant « J'ai vu des innocents fuir leurs maisons détruites... ».

C'est à ce moment-là qu'il acquit la conviction qu'un pays avait besoin de sciences et de technologie avancées pour se relancer.

Yang Enze construisit le premier laboratoire de communication optique à Tianjin lorsqu'il fut invité à enseigner à l'Université de Tianjin en 1985. Depuis lors, sous sa supervision, huit projets de recherche de haute technologie ont été menés au niveau national et plus de dix articles ont été publiés dans les meilleures revues scientifiques chinoises.

« Le professeur Yang aide souvent les étudiants à tester, déboguer et optimiser le processus de recherche. Il insiste sur le fait que la recherche universitaire ne peut être dissociée de la pratique », a dit Xie Tianyuan, doctorant à l'Ecole d'ingénierie de l'automatisation électrique et de l'information.

Le professeur Yang mène une vie simple et frugale et beaucoup de ses vêtements sont usés. Au cours des dernières années, il a fait don de plus de 500 000 yuans à des étudiants n'ayant pas les moyens de poursuivre des études.

Selon lui, l'exercice et la persévérance sont les secrets de la longévité et d'une longue carrière universitaire. Il a commencé à apprendre l'informatique à 60 ans et a joué au tennis jusqu'à 93 ans. « En ce qui me concerne, j'aime vraiment faire de la recherche scientifique. C'est ma carrière. Je suis capable de travailler un jour de plus, de faire quelque chose pour les gens -c'est le sens le plus important de ma vie », a-t-il dit.