Dernière mise à jour à 14h43 le 06/12
Les ingénieurs chinois multiplient actuellement les efforts pour achever la construction du premier sous-marin habité au monde capable de mener des recherches scientifiques complexes dans la partie la plus profonde des océans -le fond de la fosse des Mariannes- avant la fin de cette année, a annoncé un initié du projet.
Des ingénieurs du China Ship Scientific Research Center de Wuxi, dans la province du Jiangsu (est de la Chine), une filiale de la China State Shipbuilding Corp, conglomérat de construction navale appartenant à l'État, ont assemblé la structure du sous-marin en eaux profondes et y installent actuellement des équipements, a précisé le 4 décembre Liu Jiarui, chef de projet à la section sciences et technologies du centre.
Leur objectif est d'achever le sous-marin à propulsion électrique, qui n'a pas encore reçu de nom, avant la fin de l'année, puis de commencer à effectuer des essais dans un lac de Wuxi avant que le bâtiment ne commence les essais en mer, a-t-il déclaré lors du Marintec China 2019, une exposition sur les technologies marines qui s'est ouverte le 3 décembre à Shanghai, ajoutant que le sous-marin sera livré à l'Académie chinoise des sciences en 2021 et sera utilisé pour mener des expéditions habitées dans la fosse des Mariannes.
Le Jiaolong, submersible en eaux profondes, se prépare pour une plongée en juin 2017. (Liu Shiping / Xinhua)
Selon M. Liu, le sous-marin sera « le premier capable d'emmener des hommes à 10 000 mètres sous l'eau pour effectuer des missions scientifiques », notant par ailleurs que la quasi-totalité des appareils et technologies de cet engin avait été développée par des chercheurs chinois. Les scientifiques avaient de leur côté rappelé auparavant que les précédents voyages en submersible au fond de la fosse des Mariannes avaient été réalisés avec un appareil plus simple, incapable de recherches complexes.
Des chercheurs d'environ 30 instituts nationaux de la China State Shipbuilding Corp et de l'Académie chinoise des sciences ont pris part au projet, a précisé M. Liu, ajoutant qu’une fois que le bâtiment sera officiellement mis en service, il embarquera trois membres d'équipage dans chaque opération de plongée profonde, qui pourra durer environ 10 heures. Pendant la montée et la descente, l'équipage pourra effectuer environ deux heures de tâches scientifiques à une profondeur de plus de 10 000 mètres, a-t-il déclaré.
Actuellement, la Chine exploite deux sous-marins habités en eaux profondes -le Jiaolong, ou Dragon des Mers, et le Shenhai Yongshi, ou Guerrier des profondeurs.
Le Jiaolong est entré en service en 2010, faisant de la Chine le cinquième pays à maîtriser la technologie d'exploration en haute mer après les États-Unis, la France, la Russie et le Japon. Lors d'une plongée d'essai en juin 2012, il a atteint sa plus grande profondeur -7 062 mètres- dans la fosse des Mariannes.
Pouvant descendre à 4 500 mètres, le Shenhai Yongshi a quant à lui été livré à l'Académie chinoise des sciences à la fin de 2017 et participe à des opérations scientifiques intensives.
Parallèlement, la Chine envisage de construire une station en eaux profondes habitée qui devrait être opérationnelle vers 2030, a indiqué Hu Xuedong, directeur adjoint du département des eaux profondes de l'Administration d'État des océans.