Cause extérieure : le déplacement vers l'Orient du centre de gravité de la stratégie américaine
En 2012, le déplacement vers l'Orient du centre de gravité de la politique américaine a été promu à tous les niveaux aux États-unis. Présentée en 2010, cette stratégie diplomatique a été concrètement mise en œuvre au travers des visites intensives effectuées par Barack Obama et Hillary Clinton dans la région Asie-Pacifique fin 2011. En 2012, les États-Unis ont pris une quantité considérable de dispositions par rapport à cette nouvelle stratégie sur les plans politique, diplomatique, économique et militaire. Selon les explications officielles des États-Unis, le déplacement vers l'Orient du centre de gravité stratégique de la politique américaine est engendré par plusieurs facteurs et ne vise pas la Chine. Tout d'abord, il est déterminé par le déplacement des puissances mondiales vers l'Orient, une tendance globale. Actuellement, avec le déclin général du monde occidental et l'émergence des grands pays, le déplacement d'Ouest en Est et du Nord au Sud des centres de gravité internationaux politiques et économiques est devenu une réalité. Horizontalement, comme les États-Unis et l'Europe s'enlisent dans la crise et les pays du Moyen-Orient sont toujours perturbés, l'Asie-Pacifique, qui est relativement stable et réalise de grands progrès dans de nombreux domaines, devient un moteur de la croissance mondiale. En plus des États-Unis, la Russie, l'Inde, et l'Australie, qui sont aussi en dehors de la région Asie-Pacifique, s'y sont impliquées l'un après l'autre pour partager les dividendes du développement.
Deuxièmement, le déplacement vers l'Orient du centre de gravité stratégique américain est une conséquence de la situation politique et économique intérieure des États-Unis. Après une lutte contre le terrorisme de dix années et une crise financière majeure, les États-Unis sont confrontés à de nombreux problèmes : la faible croissance de l'économie, la stagnation de la réforme financière, de sombres perspectives d'emploi, l'acuité des contradictions sociales, l'anxiété générale de la population. Pour gagner l'élection présidentielle de 2012, Obama a dû chercher les moyens de redonner confiance en l'économie. Partager les dividendes économiques de l'Asie-Pacifique est devenu une nécessité.
Troisièmement, le déplacement vers l'Orient a été déterminé par le besoin qu'ont les États-Unis de façonner l'ordre régional. La dernière décennie a été qualifiée de « décennie perdue » par les stratèges américains. Occupés à la lutte contre le terrorisme et aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, les États-Unis ont négligé le modelage de la région Asie-Pacifique, de sorte que le leadership américain dans la région s'est affaibli et que les Américains ont failli être évincés. Cela s'est traduit principalement par un relâchement des relations avec leurs alliés traditionnels en Asie et par l'intégration des pays d'Asie en plein essor dans des ensembles plus vastes. Cette dernière a commencé avec la mise en place de la zone de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud et ensuite avec les très actifs mécanismes de coopération 10 +1 et 10 +3 et le Sommet de l'Asie orientale. L'influence rapidement croissante de la Chine a posé des défis tous azimuts au leadership américain. Il est donc nécessaire pour les États-Unis d'opérer un réajustement stratégique.
Enfin, la stratégie du déplacement vers l'Orient a été suscitée par des facteurs extérieurs. Pour atteindre leurs multiples objectifs, les États-unis voient dans la lutte contre la montée de la Chine un choix nécessaire. La promotion de facteurs utiles dans des pays tiers, comme aux Philippines ou au Vietnam, a permis aux États-Unis de construire en un bref délai de nouveaux mécanismes dans leurs relations extérieures et aussi de s'immiscer dans les affaires de l'Asie-Pacifique.
Bien que tirer profit des dividendes de la croissance de l'Asie-Pacifique et accélérer la reprise économique soient les priorités stratégiques des États-Unis, le fait universellement connu est que les États-Unis ont pour but contrebalancer l'influence croissante de la Chine. Même si les officiels américains ont déclaré à plusieurs reprises que le réajustement stratégique des États-Unis ne visait pas à contrebalancer la puissance de la Chine et que le pays ne prenait pas position sur les problèmes brûlants, le dernier déploiement militaire américain dans la région Asie-Pacifique et les « petits mouvements » en mer de Chine méridionale et en mer de Chine orientale ont clairement révélé les véritables intentions des États-Unis .