En 1860, les forces alliées britanniques et françaises ont incendié cet ancien palais d'été impérial. Les douze têtes ont alors été spoliées et rapportées à l'étranger. Des experts estiment que le pillage du jardin de la Clarté parfaite (Yuanmingyuan) par les troupes britanniques et françaises en 1860, son deuxième sac par l'Alliance des huit nations en 1900, ainsi que l'invasion de la Chine par le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale sont les époques durant lesquelles la majorité des objets anciens a été perdue. Une enquête menée par l'UNESCO démontre que plus de 10 millions d'antiquités chinoises ont été égarées notamment à cause de guerres et de trafics illégaux, et que 1,67 million d'entre elles sont actuellement conservées par quelque 200 musées, répartis dans 47 pays.
Une restitution difficile
Le retour de ces deux sculptures en bronze, dont une tête de lapin et une tête de rat, ne s'est pas fait en un jour. En octobre 2008, Christie's a déclaré qu'elle tiendrait, en février 2009, une séance spéciale de vente aux enchères à Paris. Ces deux têtes figuraient sur la liste des articles à mettre aux enchères.
Le 16 janvier 2009, un groupe composé de 76 avocats chinois ont intenté un procès international, avec le soutien du gestionnaire du jardin Yuanmingyuan, d'experts en vestiges historiques et de spécialistes, et ont ordonné à la maison Christie's de mettre immédiatement un terme à la vente. Ils ont appelé les collectionneurs à rétrocéder ces têtes pillées au jardin Yuanmingyuan .
Mais Christie's a insisté pour procéder à cette vente aux enchères. Le soir du 25 février 2009, les têtes de lapin et de rat ont été adjugées à 14 millions d'euros chacune. L'identité de l'acheteur, qui en ayant fait l'acquisition via son téléphone, est restée inconnue. Le lendemain, à Beijing, l'Administration du patrimoine culturel de Chine a déclaré que « les autorités compétentes ne rempliraient pas les formalités nécessaires à l'import-export des statuettes dès lors que le propriétaire ne serait pas en mesure de fournir un certificat d'origine valide et des justifications complètes ».
Le 2 mars 2009, l'acheteur anonyme de ces deux têtes s'est révélé au grand jour : il s'agissait de Cai Mingchao, un homme d'affaires chinois. Dans une conférence de presse qu'il a tenue à Beijing, il a déclaré qu'il ne verserait pas le montant fixé. « Tout Chinois aurait certainement renoncé à l'achat comme moi dans ces conditions. Je n'ai fait que mon devoir ».