La famille Pinault est à la tête du groupe PPR (Pinault-Printemps-La Redoute), opérant largement sur le territoire chinois. Selon les données sur le chiffre d'affaires réalisé par le groupe au premier trimestre de cette année, la vente des produits de luxe en Chine a généré 1,523 milliard d'euros, soit une augmentation sur ce marché de 10 % en un an, un taux bien supérieur à celui des 3 % atteints en Europe. Mei Xinyu, chercheur à l'Institut de recherches sur la coopération économique internationale relevant du ministère chinois du Commerce, a expliqué : « C'est le développement profond de la coopération économique sino-française qui a permis la restitution de ces deux sculptures. Le donateur, qui lorgne aussi sur le vaste marché commercial chinois, met ainsi en avant ses bonnes intentions envers la Chine et ouvre pour son groupe la voie vers la croissance en Chine. »
Cai Mingchao, le collectionneur de pièces anciennes qui s'était retiré de la vente de ces deux têtes, a réagi à la nouvelle sur son microblog : « À l'époque, j'avais acheté aux enchères ces deux bronzes au prix de 31 491 200 euros. Aujourd'hui, la famille Pinault récolte bien plus que ce chiffre. »
Henry Pinault porte une double casquette : président du groupe PPR, il est aussi l'actionnaire principal de la maison d'enchères Christie's. Par cette donation, Christie's a renoué des liens cordiaux avec le gouvernement chinois, auparavant tendus faute de la mise aux enchères jusque-là de ces deux sculptures. Par ailleurs, elle a obtenu officiellement un permis d'exploitation par des acteurs étrangers en Chine. C'est la première fois dans l'histoire que la Chine accordait une telle licence à une société d'enchères, action qui marque que Christie's a déjà pris la tête sur le marché chinois.
Le gouvernement français s'est félicité de ce présent, non seulement parce que ce geste correspond à l'esprit de la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, mais promeut également les relations sino-françaises, en contribuant au développement de la coopération entre les deux pays dans de nombreux domaines.
Cependant, la restitution des têtes n'a pas été saluée par tous. On a pu lire dans le journal britannique Financial Times : « Le don de la famille Pinault a traduit l'amélioration des relations sino-françaises pendant les cinq dernières années. Mais certains fonctionnaires britanniques craignent que la décision de M. Pinault n'encourage la Chine à faire pression sur les autres pays européens, tels que la Grande-Bretagne, pour que ces derniers lui rendent des pièces chinoises antiques conservées actuellement dans leurs musées ou par des collectionneurs privés. »