Guy Kodégué, ex-porte-parole du défunt président centrafricain Ange-Félix Patassé renversé en 2003 par François Bozizé, et membre fondateur du Mouvement de libération démocratique (MLD) installé à Paris en France, a annoncé lundi à Xinhua que cette formation se désolidarisait des résolutions des négociations de paix de Libreville dont elle est exclue.
Le responsable politique a accusé les médiateurs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC, organisation régionale à laquelle la République centrafricaine appartient) de jouer le jeu du président Bozizé, sous la menace de l'offensive dune coalition rebelle (Séléka) déclenchée début décembre, et de vouloir le maintenir au pouvoir.
"Bozizé a tout fait pour que nous ne soyons pas du dialogue de Libreville, afin que la disparition du président Patassé et les exactions commises lors du coup d'Etat de 2003 ne soient pas débattues. Nous disons que ce dialogue arrangé pour le maintenir au pouvoir est voué à l'échec, parce que tous les vrais protagonistes de la classe politique et de la société civile centrafricaines n'y sont pas représentés", s'est insurgé Kodégué.
L'ex-bras droit du défunt chef de l'Etat Ange-Félix Patassé (candidat indépendant à la présidentielle de janvier 2011, remportée par François Bozizé, selon les résultats officiels contestés par l'opposition) a qualifiée de "biaisée" la désignation des délégués aux discussions prévues dans la capitale gabonaise en vue d'une sortie de crise entre le pouvoir de Bangui et les rebelles Séléka.
"Ce n'est pas un problème uniquement d'un parti politique. Il y a la société civile et d'autres personnalités indépendantes qui comptent dans le pays", a-t-il souligné, annonçant l'échec de ce processus. "Parce que les mêmes causes produiront les mêmes effets, il y aura les mêmes rébellions et ce sera un retour en arrière", a-t-il averti.
Selon lui, "si les ethnies goula et rounga du Nord du pays se sont rebellées, c'est parce que leurs zones ont été marginalisées par le gouvernement de Bozizé. C'est pourquoi il y a une forte adhésion de la population à cette rébellion. Seule activité économique qui leur permet de vivre, l'exploitation du diamant et de l'or est contrôlée par Bozizé lui-même et ses enfants".
Dénonçant la part belle faite "au gouvernement en place, aux partis de la majorité présidentielle", Guy Kodégué a prévenu que "toutes les résolutions qui seront prises n'engageront pas le MLD" qui, a-t-il cependant assuré, se rendra par une délégation à Libreville.
Un appel a été lancé "à la France, aux Etats-Unis d'Amérique, à l'Union africaine, à l'Union européenne, aux Nations Unies de tout mettre en œuvre pour que toutes les forces vives de la nation soient représentées à ce dialogue".
Les délégations désignées pour les assises de Libreville sont sur le point de voyager ce lundi, y compris les représentants de la rébellion conduits par leur leader, Michel Am Nondokro Djotodia.
L'ouverture des négociations est annoncée jeudi. Auparavant, une réunion des ministres des Affaires étrangères de la CEEAC est programmée mardi dans la capitale gabonaise.