Dernière mise à jour à 10h08 le 16/08
Une dizaine de partis de l'opposition politique radicale de la Mauritanie, structurés au sein du Forum National pour la Démocratie et l'Unité (FNDU), ont unanimement rejeté samedi une proposition de dialogue formulée par le gouvernement mauritanien à travers une lettre du gouvernement, apprend-t-on de source proche de ces partis.
La lettre du secrétaire général de la présidence de la République appelle "à la tenue d'un dialogue pouvoir-opposition début septembre".
Elle a été adressée seulement à certains partis politiques membres de la majorité et de l'opposition.
Selon le site Sahara Media, le FNDU, en tant que pôle politique, n'a pas reçu d'invitation, mais les partis le constituant ont été invités au dialogue.
Des responsables du FNDU ont qualifié cette lettre "d'absurde".
Cet appel du dialogue formulé par le gouvernement intervient quelques jours seulement après une sortie médiatique du chef du parti au pouvoir, l'Union pour la république (UPR), Me Sidi Mohamed Ould Mahahm, accusant l'opposition de "mettre les bâtons dans les roues de tout processus de dialogue".
Les partis du FNDU ont considéré que cette lettre est l'expression du "mépris affiché par le pouvoir et sa volonté manifeste de saboter la cohésion des formations politiques de l'opposition".
En avril dernier, les observateurs avaient considéré que le dialogue venait de faire ses premiers pas, après une rencontre de deux délégations représentant la majorité au pouvoir et l'opposition radicale.
Cette amorce de dialogue intervenait deux mois après l'appel au dialogue par le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
L'absence de dialogue avait été la cause du boycott par l'opposition des dernières élections présidentielles, législatives et municipales.
Me Mahfoudh Ould Bettah, alors président la délégation de l'opposition avait déclaré que "pour l'opposition, le dialogue envisagé n'est pas une fin en soi, mais plutôt un jalon de la stratégie du FNDU visant à sortir le pays de l'impasse qu'il connaît depuis 2008 (année d'arrivée au pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz, ndlr).
"Nous n'y allons pas pour en sortir avec un vainqueur et un vaincu mais dans le souci de faire avancer la Mauritanie dans le droit chemin, pour l'ancrage de la démocratie", avait-il ajouté.
Vraisemblablement, note les observateurs, ce n'est pas toute l'opposition qui partage cet avis et certains opposants jugent "improbable" la réussite de ce dialogue.
C'est le cas de l'ancien président Ely Ould Mohamed Vall qui affirme que "la tentative de dialogue politique engagé avec le régime en place ne peut que se solder par un échec certain".
Pour lui, il s'agit de "manœuvres politiciennes conjoncturelles" du régime, visant "la manipulation de la constitution pour rester au pouvoir le plus longtemps possible".
Pourtant, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé à plusieurs reprises qu'il quittera le pouvoir à l'expiration de son second et dernier mandat en 2019.
Le FNDU avait alors publié un texte rendant compte de la rencontre, précisant que les deux délégations "se sont rencontrées et exprimé leur volonté sincère de s'engager dans un dialogue qui consolide la démocratie dans le pays auquel prennent part l'ensemble des forces politiques et sociales du pays".