Dernière mise à jour à 08h51 le 04/05
Le président camerounais Paul Biya a entamé mardi une visite d'Etat de deux jours au Nigeria, à deux semaines d'un sommet régional sur la lutte contre le groupe terroriste nigérian Boko Haram annoncé les 14 et 15 mai à Abuja, avec la participation du président français François Hollande.
En compagnie de membres de son gouvernement dont la liste n'a pas été dévoilée au départ et de son épouse Chantal, le dirigeant camerounais a quitté Yaoundé peu avant 10H00 locales (9H00 GMT) à destination de la capitale nigériane où il sera reçu dès son arrivée par son homologue Muhammadu Buhari.
C'est la deuxième rencontre entre les deux chefs d'Etat en moins d'un an après celle tenue lors de la visite effectuée les 29 et 30 juillet 2015 à Yaoundé par Muhammadu Buhari, à peine investi deux mois auparavant comme nouveau président élu de la première économie ouest-africaine après sa victoire sur le sortant Goodluck Jonathan à la présidentielle du 29 mars.
Alors que certains commentateurs camerounais avaient cru percevoir sans le prouver une méfiance du nouveau dirigeant ouest-africain à l'égard du pouvoir de Yaoundé, celui-ci avait réservé à son hôte un grand accueil chaleureux et salué une "nouvelle ère" porteuse d'espoirs pour le renforcement des relations d'amitié et de coopération entre le Cameroun et son grand voisin.
Ces relations avaient été empoisonnées par un long conflit de 15 ans, après l'occupation en 1993 par l'armée nigériane de la péninsule de Bakassi, territoire du Sud-Ouest du Cameroun revendiqué par Abuja et rétrocédé en 2008 en application d'un arrêt rendu en faveur de la requête du Cameroun par la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye, aux Pays-Bas.
Rendue en 2002 au terme de huit ans de bataille juridique, cette décision avait été soutenue par un accord diplomatique conclu six ans plus tard à New York (États-Unis), sous l'égide des Nations Unies, et avec la participation des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de la France.
Grâce au règlement du différend frontalier, le Cameroun et le Nigeria ont relancé leur coopération de fort belle manière pour la hisser à un niveau élevé, avec un accroissement impressionnant des échanges commerciaux entre les deux pays voisins qui partagent une longue frontière terrestre et maritime de plus de 2.000 kilomètres, selon les estimations.
Encore deuxième économie du continent derrière l'Afrique du Sud, le Nigeria, connu pour être le plus grand exportateur de pétrole africain, a su tirer profit de ce nouvel élan diplomatique, pour se classer premier fournisseur du Cameroun en 2011, avant de céder la place à la Chine, par ailleurs premier client du pays d'Afrique centrale.
Autre preuve perceptible de cette lune de miel, les visites au sommet se sont multipliés entre Yaoundé et Abuja, qui ont dans le même contexte entrepris la démarcation de leurs frontières communes pour matérialiser leurs bonnes intentions, sous les bons auspices de l'ONU.
Depuis les premières attaques du groupe terroriste nigérian Boko Haram sur le sol camerounais, précisément dans la région de l'Extrême-Nord en 2013, ce dossier passe pour le plus grand centre d'intérêt de la coopération camerouno-nigériane.
Lors de sa visite à Yaoundé fin juillet 2015, Muhammadu Buhari et son homologue camerounais ont montré par la signature d'un mémorandum d'entente leur engagement à entretenir une collaboration sincère et sans faille en vue de l'éradication de cette menace jihadiste.
Depuis lors, les armées camerounaise et nigériane, qui ont aussi conclu un accord d'échange d'informations et de renseignements, mènent des opérations conjointes pour nettoyer leurs territoires respectifs de militants terroristes.
Cette collaboration s'est aussi intensifiée dans le cadre de l'opérationnalisation de la Force mixte multinationale (FMM) de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT) de lutte contre Boko Haram, qui inclut également le Tchad, le Niger et la République centraicaine.
Aujourd'hui affaibli militairement, le groupe terroriste n'a pas arrêté de commettre des violences et de faire souffrir les populations des zones où son influence demeure. Pour accélérer la lutte, un sommet régional avec la participation du président français François Hollande, qui avait convoqué un rendez-vous similaire en mai 2014 à Paris, est annoncé pour les 14 et 15 mai à Abuja.
Le président camerounais, qui est allé mardi 3 mai à la rencontre de son homologue nigérian pour une visite d'Etat de deux jours jusqu'à mercredi 4 mai, y est attendu, avec les autres dirigeants de la CBLT et du Bénin.
Par Raphaël MVOGO