Dernière mise à jour à 09h07 le 09/08
Le premier vice-président déchu du Soudan du Sud, Riek Machar, ne pourra revenir à son poste que si son remplaçant, Taban Deng Gai, accepte de lui céder la place, a déclaré lundi Ateny Wek Ateny, porte-parole du président Salva Kiir.
Il a déclaré à Xinhua qu'aucune loi n'obligeait le premier vice-président Deng à céder la place à Machar.
Réagissant à l'appel des pays de la région pour le retour de M. Machar à Juba, M. Ateny a affirmé: "La question dépend de M. Deng".
L'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) "a autorisé la situation actuelle et c'est à M. Deng de décider s'il veut démissionner pour redevenir simple ministre", a-t-il indiqué.
Ces déclarations font suite à la décision de Juba la semaine dernière d'autoriser l'intervention de troupes étrangères dans le pays dans le cadre de la Force africaine de réserve, formée par un accord au niveau de l'Union africaine (UA), de l'ONU et de l'IGAD.
L'IGAD invitait également M. Machar à rejoindre le processus de paix et le président Kiir ainsi que la population à revenir à un esprit de paix durable dans leur pays.
Lors du sommet récent de l'IGAD en Éthiopie, le Soudan du Sud a accepté le déploiement de forces de protection à Juba.
Le vice-président Deng, nouvellement nommé, a dirigé la délégation du Soudan du Sud à ce sommet, connu sous le nom d'IGAD-Plus, et déclaré en fin du sommet qu'il était prêt à abandonner son poste pour le rendre à M. Machar une fois celui-ci revenu à Juba.
Le secrétaire exécutif de l'IGAD, Mahboub Maalim, a déclaré que les chefs d'État des pays membres avaient demandé à leur chef d'état-major de se rendre à Juba pour discuter des modalités de déploiement de la force de protection auprès du gouvernement du Soudan du Sud.
"Le gouvernement du Soudan du Sud a accepté sans condition préalable le déploiement de forces de protection", a-t-il dit.
M. Deng a été nommé premier vice-président en remplacement de M. Machar, à la suite des combats à Juba, capitale du Soudan du Sud, du 8 au 11 juillet, qui ont contraint M. Machar et ses forces à fuir Juba et faisant environ 300 morts et 60.000 réfugiés dans les pays voisins.
Les partisans de M. Deng évoquent un manque de communication avec leur dirigeant, mais il reste à voir si M. Deng, visiblement ambitieux, acceptera bel et bien de céder son poste.
Depuis la fuite de M. Machar de la capitale, l'APLS/MPLS-IO est divisée en deux factions, l'une comprenant les hauts responsables du parti qui ont soutenu le remplacement de M. Machar par M. Deng, l'autre comprenant la branche armée qui soutient M. Machar comme leur chef légitime.
De son côté, le porte-parole de Machar, James Gatdet Dak, a déclaré que son chef restait le dirigeant légitime du mouvement et reconnu en tant que tel par l'accord de paix.
"Riek Machar reste le premier vice-président légitime du Soudan du Sud. Celui qui a occupé illégalement le poste en violation de l'accord de paix d'août 2015 devrait démissionner. Tous les ministres de l'APLS-IO illégalement remplacés seront restaurés dans leurs fonctions avec leur chef légitime", a déclaré M. Gatdet.
Le Soudan du Sud est en proie à des troubles constants depuis décembre 2013.
La crise a généré l'une des plus graves situations au monde en termes de populations déplacées, avec des souffrances énormes dans la population civile.
Malgré l'accord de paix d'août 2015 qui met officiellement fin à la guerre, les conflits et l'instabilité se sont propagées aux régions auparavant protégées de Grand Equatoria et Grand Bahr-El-Ghazal, au Soudan du Sud.
Au cours du mois écoulé, les affrontements meurtriers à Wau ont fait plus de 40 morts, et contraint près de 35.000 personnes à fuir leur foyer.