Dernière mise à jour à 10h20 le 29/09
Treize militants antiesclavagistes, condamnés le 19 août dernier, ont été transférés de la prison centrale de Nouakchott, dans la nuit du mardi à mercredi, vers Bir Moghrein dans l'extrême nord du pays, à plus de 700 km de la capitale, a appris Xinhua de source sécuritaire.
Les 13 militants, tous membres de l'Initiative de résurgence abolitionniste (IRA, non reconnue par l'Etat mauritanien), avaient été condamnés à des peines allant de 5 à 15 ans de prison par la cour criminelle de Nouakchott. Ils étaient jugés, en même temps que des habitants d'un bidonville de Nouakchott, pour "rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue".
Selon Me Brahim Ould Ebetti du collectif de défense des 13 antiesclavagistes, cette mesure de transfèrement des condamnés "est une façon d'éloigner les prévenue de leurs familles et de leurs avocats et de rendre difficile, voire impossible, leur défense".
Selon les avocats, les antiesclavagistes devront prochainement être jugés par la cour d'appel de Zouerate, capitale de la province du Tiris Zemour, dont relève la localité de Bir Moghrein.
Au moment de leur arrestation, en juin dernier, les membres du groupe aurait, selon la police, pris part à une manifestation violente lors d'une opération de déguerpissement de squatters d'un bidonville de Nouakchott, conduite par les autorités. Des affrontements avaient alors opposé la police à des manifestants faisant plusieurs blessés dans les rangs des forces de l'ordre et un véhicule de la police avait été incendié.
La question de l'esclavage continue à diviser l'opinion en Mauritanie. Pour les proches du pouvoir, le phénomène n'existe que sous forme de "séquelles que le gouvernement est en train de combattre à travers des programmes spéciaux".
Pour les militants antiesclavagiste, la pratique esclavagiste "existe bien dans le pays et bénéficie de l'impunité", même si des tribunaux spéciaux consacrés aux questions liées à l'esclavage ont été mis en place récemment, ainsi qu'un mécanisme national de prévention de la torture.