Dernière mise à jour à 14h57 le 27/03
À l'image des cultures chinoise et française, les relations entre les deux pays sont anciennes et dynamiques. La révolution chinoise a profondément été influencée par la Révolution française. Certains dirigeants du Parti communiste chinois, comme Zhou Enlai et Deng Xiaoping, ont étudié et travaillé en France lorsqu'ils étaient jeunes. Tout cela a jeté de solides bases pour la coopération sino-française.
La France pratique toujours une politique diplomatique indépendante. Elle a établi des relations diplomatiques avec la Chine en janvier 1964. Par la suite, la Chine a établi des relations diplomatiques avec une série de pays occidentaux, ouvrant ainsi sa porte aux échanges avec le monde occidental. La France est la première puissance occidentale à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine et également un partenariat stratégique global avec elle. Dans la nouvelle ère, la France est la première puissance occidentale à avoir affirmé son soutien à l'initiative « la Ceinture et la Route ». Elle est la première puissance occidentale à avoir axé ses relations avec la Chine sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Elle est le premier pays occidental à avoir établi une coopération en matière du vieillissement démographique et à parvenir à une coopération avec la Chine sur les marchés tiers.
Des missions et des concepts communs
Dans la Déclaration conjointe sino-française, signée lors de la visite du président Macron en Chine il y a un an, la Chine et la France ont mis l'accent sur leur coopération dans des secteurs tels que la mondialisation, le multilatéralisme, la gouvernance mondiale, le changement climatique et la lutte contre le terrorisme, mais se sont également entendus pour étendre leur coopération à de nouveaux secteurs. Par exemple, la Chine et la France ont réaffirmé que les lois internationales énoncées par la Charte des Nation Unies s'appliquent au cyberespace. Les deux pays renforceront leur coopération pour lutter contre la cybercriminalité, comme la destruction d'infrastructures et le vol de droits de propriété intellectuelle au moyen d'un système informatique dans l'objectif d'obtenir des avantages compétitifs.
Le partenariat stratégique global entre la Chine et la France définit la mission commune des deux pays dans la nouvelle ère. Relever les défis internationaux est devenu la base de ce partenariat. D'après l'ancien premier ministre français Dominique de Villepin, sur tous les problèmes internationaux importants, la France et la Chine ont des points de vue convergents et partagent la même volonté de rétablir et renforcer le système multilatéraliste. Après la sortie du Royaume-Uni de l'UE, la France sera le seul pays de l'UE à siéger en tant que membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et la seule puissance nucléaire au sein de l'UE. Elle jouera donc un rôle clé dans la défense de la COP21 et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires de l'ONU.
Lors de sa visite en Chine, le président Macron a indiqué que le destin de la France et de l'Europe étaient liés à celui de la Chine, et que l'Europe devrait participer activement à la construction de « la Ceinture et la Route ». À son avis, cette grande initiative avancée par la Chine a une portée politique, économique et culturelle importante. Pour promouvoir la prospérité, la stabilité et le développement du continent eurasiatique et du continent africain, la France est disposée à participer activement à la construction de « la Ceinture et la Route », dans le respect d'un ensemble de règles et de standards communs avec la Chine.
Un choix mutuellement bénéfique
En janvier 2018, lors de sa rencontre avec le président Emmanuel Macron en Chine, le président Xi Jinping a souligné que la Chine proposait de construire une communauté de destin pour l'humanité alors que la France nourrissait un concept similaire, et que les deux pays pourraient renforcer leur confiance politique, exploiter pleinement leur potentiel de coopération tout en transcendant leurs différences, quelles qu'elles soient : systèmes sociaux, phases de développement ou traditions culturelles. La Chine voudrait continuer à s'en tenir au principe du gagnant-gagnant, consolider sa coopération avec la France dans divers secteurs, notamment dans le cadre de « la Ceinture et la Route ».
De son côté, le président Macron est convaincu que l'initiative « la Ceinture et la Route » peut jouer un rôle majeur dans la structuration de l'espace eurasiatique et qu'elle représente une réelle opportunité pour créer des ponts, par l'échange, entre les pays et les civilisations comme autrefois les anciennes Routes de la Soie. Selon lui, il s'agit aussi de contribuer à une meilleure connectivité entre l'Europe et l'Asie. « Je crois qu'il est très important que l'Europe et la Chine renforcent leur concertation sur cette initiative. La France est prête pour cela à jouer un rôle moteur », a-t-il déclaré. Il espère que la Chine accroîtra les investissements en France, y créera plus d'emplois et réduira son déficit commercial avec la France.
Grâce à l'approfondissement de la réforme dans tous les secteurs, la demande intérieure de la Chine va augmenter et les conditions d'accès au marché chinois seront assouplies avec, notamment, un assouplissement des critères de l'accès au marché de l'achat public. L'organisation de l'Exposition internationale d'importation de Chine favorise également les exportations françaises vers la Chine.
En outre, grâce à la participation de la construction de « la Ceinture et la Route », la coopération sino-française sur les marchés tiers peut être élargie. En 2016, lorsque M. Macron était ministre de l'Économie, la Chine et la France ont signé une déclaration concernant leur coopération sur les marchés tiers, orientée principalement vers l'Afrique. Après son entrée en fonction, le président Macron a indiqué qu'il souhaitait poursuivre cette coopération. Le projet nucléaire de Hinkley Point C, fruit d'une coopération entre la Chine, le Royaume-Uni et la France, est un parfait exemple de coopération établie dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route ».
La France a bien conscience que « la Ceinture et la Route » n'appartient pas seulement à la Chine. Tout en appelant l'Europe à participer activement à l'initiative « la Ceinture et la Route », le président Macron a souligné que la Chine et l'Europe doivent développer la coopération dans le cadre d'un partenariat équilibré où les règles de financement correspondent aux standards européens et aux attentes des deux parties. En réponse à l'opinion de certains Occidentaux qui s'inquiètent de voir la Chine profiter de son projet « la Ceinture et la Route » pour accroître son influence en Asie centrale, voire dans le monde entier, le président Macron a rappelé que les Routes de la Soie n'avaient jamais été purement chinoises. Selon lui, « ces nouvelles routes sont toujours en partage. Et si ce sont des routes, elles ne peuvent être univoques. […] ».
L'initiative « La Ceinture et la Route » repose sur une diplomatie multilatérale, la gouvernance mondiale et la coopération transrégionale, principes qui sont chers à la France mais qui correspondent aussi à la tradition européenne du multilatéralisme et de la recherche d'un équilibre dans un monde multipolaire. Suite au Brexit et avec l'instauration aux États-Unis de la politique de « l'Amérique d'abord » par Donald Trump, certains pays européens s'interrogent sur les relations commerciales qui soutiennent leur développement économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour rééquilibrer ses relations avec les États-Unis, la France appelle à accorder plus d'attention au continent eurasiatique. Le ministre français de l'Économie Bruno le Maire a indiqué fin 2017 que la France espérait construire un axe de commerce international qui relierait l'Europe à la Chine en passant par la Russie. Selon lui, on est en train de passer d'un monde dominé par les relations commerciales transatlantiques, très exclusives, à un monde plus équilibré.
Promouvoir la coopération entre la Chine et l'Europe
La coopération sino-française a contribué à la coopération sino-européenne et reflète l'entrée dans la nouvelle ère du partenariat stratégique global entre la Chine et la France, et entre la Chine et l'UE. Lors de la 20e Rencontre des dirigeants Chine-UE et du 12e Sommet eurasiatique qui ont eu lieu en 2018, la Chine et l'UE sont parvenues à d'importants consensus sur la connexion entre l'initiative « la Ceinture et la Route » et les propositions européennes visant à promouvoir le lien entre l'Asie et l'Europe. Cela constitue une nouvelle ligne directrice pour l'alignement des stratégies de développement Chine-UE. En septembre 2018, l'UE a publié un document annonçant ses politiques stratégiques sur l'interconnexion eurasiatique, indiquant notamment que l'UE est disposée à renforcer la coopération avec les pays asiatiques dont la Chine. Le document apprécie activement la signification de l'interconnexion eurasiatique et précise ce qu'elle implique en matière de croissance économique pour cette région. En outre, le mécanisme de la plate-forme de la connectivité Chine-UE fonctionne bien et des projets de coopération concrets sont en préparation. La Chine a signé des mémorandums d'entente avec la Grèce et le Portugal, et est parvenue à des consensus avec l'Espagne au sujet de coopérations dans le cadre de « la Ceinture et la Route ».
La coopération sino-européenne est fructueuse. En 2018, le nombre total de voyages effectués par le train express Chine-Europe a dépassé 10 000. Une entreprise chinoise a remporté l'appel d'offre pour la construction du pont de Peljesac en Croatie. De nombreuses entreprises chinoises et européennes travaillent main dans la main pour réaliser des projets en Asie, en Afrique et sur d'autres marchés tiers dans des secteurs tels que les infrastructures, l'énergie, la protection de l'environnement, la finance, etc., et donnent à voir des résultats concrets.
Par WANG YIWEI est professeur de la Chair Jean Monnet de l'UE à l'université Renmin de Chine.