Hong Kong envisage de mettre en place davantage de mesures de secours face à la récession économique

Carrie Lam, cheffe de l'exécutif de la Région administrative spéciale chinoise de Hong Kong, a annoncé le 3 décembre lors d'une conférence de presse que de nouvelles mesures de secours seront bientôt mises en place pour aider les entreprises et les résidents à surmonter les difficultés économiques, à la suite des trois mesures adoptées ces derniers mois.

Alors que plusieurs données ont révélé une situation économique difficile, le gouvernement de la RASHK surveillera de près la situation et mettra en place de nouvelles mesures de secours, a déclaré Mme Lam.

Le gouvernement de la RASHK a injecté environ 20 milliards de dollars HK (2,55 milliards de dollars US) au total depuis le mois d'août dans l'espoir de relancer une économie qui est entrée dans une récession technique.

Carrie Lam, cheffe de l'exécutif de la Région administrative spéciale chinoise de Hong Kong (RASHK), prend la parole lors d'une conférence de presse à Hong Kong (sud de la Chine), le 3 décembre 2019.

Une économie morose

« Nous avons récemment perdu des millions de dollars de Hong Kong chaque mois », a déclaré un serveur d'un restaurant de crabe épicé à Causeway Bay. À l'heure du déjeuner, il n'y avait que quelques convives dans ce restaurant qui a ouvert en juillet.

Selon Wong Ka-wo, président de la Fédération des restaurants et des industries connexes de Hong Kong, le secteur de la restauration de Hong Kong devrait perdre 17 milliards de dollars HK (2,17 milliards de dollars US) entre juin et décembre, et près de 400 restaurants ont déjà fermé leurs portes à ce jour.

« Le taux de chômage officiel dans le secteur de la restauration à Hong Kong en octobre est de 6,1%, mais mon estimation est de 7 à 7,5%, soit près de 22 000 personnes qui ont perdu leur emploi en octobre », a-t-il indiqué, ajoutant craindre que plus de 1 000 restaurants supplémentaires ne puissent pas survivre à la crise actuelle d'ici février.

« Le climat des affaires est devenu pessimiste, alourdi par les incertitudes externes et les incidents violents locaux qui traînent depuis des mois », a de son côté déclaré Paul Chan, secrétaire aux Finances du gouvernement de la RASHK, lors d'une réunion du Conseil législatif, soulignant que les industries du tourisme à la restauration se débattaient dans un hiver sombre.

Les ventes au détail ont diminué de 24,3% par rapport à octobre 2002, soit la plus forte baisse enregistrée pour un mois. Le nombre de visiteurs à Hong Kong a chuté de 43,7% d'une année sur l'autre en octobre. L'économie a chuté de 2,9% au troisième trimestre, en nette baisse par rapport à la croissance de 0,4% enregistrée au deuxième trimestre.

Un sentiment pessimiste

« Trois mois ? Un an et demi ? Je ne sais pas quand ma vie pourra redevenir normale », a déclaré un guide touristique du nom de Wan. Guide touristique expérimenté qui a traversé les périodes difficiles de la crise financière et de l'épidémie de SRAS, il a confié craindre de ne pas pouvoir s'en sortir cette fois-ci. N'ayant plus de groupes de touristes à recevoir depuis juin, Wan a commencé à occuper des emplois à temps partiel dans les stations de métro et les restaurants.

Le tourisme a été l'un des secteurs les plus durement touchés par la violence qui a duré des mois. « Il n'y a aucun signe de reprise en décembre, mais une chute de 30 à 40% des recettes du tourisme sera vraisemblable », a déclaré Yiu Si-wing, législateur et initié de l'industrie du tourisme. « Même si la situation se calme un peu, il est peu probable que le secteur revienne au niveau précédent », a-t-il prédit.

Le gouvernement de la RASHK a pour sa part ramené ses prévisions de produit intérieur brut pour 2019 à un taux négatif de 1,3%. Il s'agira du premier recul annuel de la région depuis 2009. Le taux de chômage, qui avait déjà atteint 3,1% au cours de la période d'août à octobre, devrait augmenter plus loin dans les mois à venir.

Hong Kong enregistrera probablement son premier déficit budgétaire en 15 ans pour l'exercice en cours se terminant le 31 mars, alors que l'économie est entrée dans une récession technique au milieu des troubles sociaux prolongés, a déclaré Paul Chan.

En dépit de possibles déficits budgétaires au cours des deux prochaines années, il est grand temps que le gouvernement de la RASHK utilise pleinement la richesse et les excédents accumulés dans le passé pour alléger le fardeau des résidents, a déclaré Carrie Lam.

La violence doit prendre fin

Mme Lam a ajouté qu'elle espérait que les incidents violents cesseraient le plus tôt possible pour donner à l'économie une chance de se redresser.

Les analystes ont souligné que les mesures de secours ne pourront plus aider les entreprises à rester à flot plus longtemps et que la fin de la violence et que seul le rétablissement de la paix permettra à la population de retrouver une vie normale et de remettre l'économie sur les rails.

M. Chan a également exprimé ses préoccupations quant aux défis imminents pour l'économie au cours de la prochaine année et à des impacts encore plus importants sur les moyens de subsistance de la population, ainsi qu'à la confiance ébranlée des investisseurs internationaux. « Nous avons besoin d'efforts concertés de tous les secteurs de la communauté pour mettre fin à la violence et au chaos et faciliter la reprise économique », a-t-il déclaré, « afin que l'ordre puisse être rétabli, que les résidents puissent à nouveau mener une vie paisible et que les entreprises puissent fonctionner normalement ».

De nombreux quartiers de Kowloon ont sombré de nouveau dans le chaos le week-end dernier lorsque les émeutiers ont perturbé des événements publics et ont eu recours à des actes destructeurs tels que la construction de barricades sur les routes, l'incendie et la vandalisation d'installations publiques.