Dernière mise à jour à 08h37 le 05/12
Zhang Ming, chef de la mission diplomatique chinoise auprès de l'Union européenne (UE), a dénoncé mercredi la campagne de désinformation du Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo contre la Chine et le géant chinois des technologies Huawei, la décrivant comme une véritable "chasse aux sorcières".
"Malgré cette chasse aux sorcières et le battage médiatique qui l'entoure, pas un seul pays ou individu n'a pu apporter de preuve solide montrant que Huawei constituait une menace", a écrit M. Zhang dans une lettre adressée au rédacteur en chef de Politico, qui a publié lundi un article signé de la main de M. Pompeo.
Dans un article intitulé "L'Europe doit faire passer la sécurité au premier plan avec la 5G", M. Pompeo a en effet poursuivi sa campagne de désinformation contre la Chine et les entreprises chinoises, tentant de rallier les coeurs et les esprits des Européens à sa cause à l'aide d'une longue liste de mensonges, et affirmant que Huawei avait "volé la propriété intellectuelle" de pays tels que l'Allemagne, Israël et le Royaume-Uni.
M. Pompeo a également affirmé que la "loi sur le renseignement" en vigueur en Chine montrait clairement que le Parti communiste chinois (PCC) pouvait obliger tout fournisseur de réseau 5G basé en Chine à lui remettre secrètement des données.
Rejetant ces allégations comme "très éloignées de la vérité", M. Zhang a écrit qu'il s'agissait de la part du chef de la diplomatie américaine d'une nouvelle "surenchère visant à calomnier la Chine".
"Comme l'a rapporté le quotidien allemand Der Tagesspiegel au mois de mai, le gouvernement britannique, l'Office fédéral pour la sécurité de l'information d'Allemagne et la Commission européenne n'ont pas réussi à trouver de 'porte dérobée' dans les produits Huawei. Alors que Mike Pompeo attaque le Parti communiste chinois en se targuant d'une prétendue supériorité morale, il semble oublier le célèbre programme de surveillance PRISM de la NSA (Agence de sécurité nationale américaine), ainsi que l'écoute électronique des plus proches alliés des Etats-Unis", a indiqué l'ambassadeur.
"Les efforts de M. Pompeo reviennent à affaiblir la notion de sécurité nationale. Il profite de la prise de conscience croissante du public vis-à-vis des questions de sécurité technologique pour promouvoir son propre agenda politique. Selon la logique de M. Pompeo, même une bouteille de vin produite dans un pays doté d'un système politique différent pourrait être toxique. Dans ce cas, nous ne pouvons nous empêcher de demander : s'agit-il de faire passer la sécurité en premier, ou de faire passer l'Amérique en premier ?", a déclaré le diplomate chinois.
M. Zhang a également appelé l'Europe à garder l'esprit clair sur la question de la 5G, et à faire preuve de prudence face à la propagande américaine.
"L'Europe est fière de son multilatéralisme, et défend l'ouverture des marchés. J'espère et je crois que les Européens sauront préserver ces principes d'équité, de justice et de non-discrimination. L'ère de la 5G sera une ère de connectivité et d'ouverture. Optez pour la coopération plutôt que pour la confrontation !", a-t-il conclu.
Dans une déclaration publiée en réponse à l'article de M. Pompeo, la compagnie Huawei a quant à elle indiqué qu'elle "rejetait catégoriquement les allégations fausses et diffamatoires répandues par le gouvernement des Etats-Unis".
"Ce sont des accusations malveillantes et usées jusqu'à la corde. Elles ne font que nuire à la réputation des Etats-Unis. Elles constituent également une insulte à la souveraineté de l'Europe et à l'expertise technique des opérateurs de télécommunications", selon la déclaration.