Dernière mise à jour à 15h41 le 14/08
Les Chinois se décrivent souvent comme le « pays des politesses » 礼仪之邦 (lǐyízhībāng), ou en tous cas, les gens du Shandong, province natale de Confucius et du confucianisme, très à cheval sur les rituels. Plusieurs termes désignent le concept de politesse. Le plus simple : 礼 (li) se décline sous plusieurs autres combinaisons : 礼节 (lǐjié), 礼数 (lǐshù), 礼教 (lǐjiào).
Être poli en Chine 讲礼貌 (jiǎnglǐmào) est une véritable culture, et pas la plus facile à appréhender. On la désignait sous l'expression « les rites et la musique » 礼乐制度 (lǐyuèzhìdù) sous les Han de l'Ouest (vers 200 av. J.-C.).
On distingue la « politesse corporelle », celle de l'action, comment marcher, comment s'asseoir à une table, laisser la place à quelqu'un 让座 (ràngzuò), faire des courbettes 鞠躬 (jūgōng), la génuflexion 跪拜 (guìbài), et la « politesse orale » ou 礼貌用语 (lǐmaòyòngyǔ). On peut résumer ces deux formes de politesse sous l'appelation 言谈举止 (yántánjǔzhǐ) « discours et gesture », l'intérieur doit être en harmonie avec l'extérieur. D'ailleurs, le mot « gentilhomme » 君子 (jūnzǐ) se compose d'une main en haut et d'une bouche en bas 君 (jūn), ce qui montre bien qu'une personne de qualité se doit d'avoir « les mains aussi propres que sa bouche ». En Chine, comme dans Tartuffe, il existe des vrais gentilhommes 真君子 (zhēnjūnzǐ) et des faux gentilhommes 伪君子 (wěijūnzǐ). Et l'on reconnaît une vraie personne éduquée au fait qu'elle fait plus qu'elle ne dit : 君子讷于言而敏于行 (jūnzǐnèyúyánérmǐnyúxíng). « Le gentilhomme a la parole brève et le geste preste. »
La moindre des politesses, en Chine comme en France, est de « dire bonjour » 打招呼 (dǎzhāohu) lorsque l'on rencontre quelqu'un. On nous apprend à dire 你好!(nǐhǎo) « Bien à toi ! » au début où l'on apprend le chinois, alors qu'en fait, les Chinois se disent plus souvent 你吃了吗?(nǐchīlema) : « as-tu mangé » ? Intéressant de remarquer qu'en français lorsque l'on demande « Ça va ? » on utilise aussi une expression pour demander « comment va le transit intestinal » qui nous vient des us et coutumes de la cour de Louis XIV...
Une des différences avec la politesse française, c'est qu'en Chine, on ne dit pas « monsieur/madame », mais on appelle les gens par leur nom de famille et leur profession : comme dans « Directeur Wang » 王主任 (wángzhǔrèn) et si l'on ne sait pas la profession de la personne on dira « Professeur » 老师 (lǎoshī), ou bien on optera pour le 师傅 (shīfu) « maître » si c'est un chauffeur de taxi ou un travailleur manuel.
Il existe une pléthore de formules de politesse 敬语 (jìngyǔ) pour interagir avec les gens : le 您 (nín) « vous » majoritairement utilisé à Beijing et dans le Nord du pays. On trouve la préposition 贵 (guì) qui sert à dire « respecté » comme dans « votre entreprise » que l'on dira « votre respectée entreprise » 贵公司 (guìgōngsī) ou encore « honorable » 尊敬的 (zūnjìngde) comme dans « honorable invité » 尊敬的客人 (zūnjìngdekèren) ou « honorable client » 尊敬的客户 (zūnjìngdekèhù). Si l'on veut vous souhaiter la bienvenue dans un hôtel, on vous dira « bonjour honorable hôte ! » 尊敬的客人您好 ! (zūnjìngdekèrennínhǎo) et on utilisera le « vous » de circonstance.
Une des particularités de la politesse chinoise est d'avoir des « locutions de modestie » 谦语 (qiānyǔ). Par exemple, on dira « Bienvenue dans mon humble demeure » 欢迎光临寒舍 (huānyíngguānglínhánshè), ou bien « ce repas est très frugal » 都是粗茶淡饭 (dōushìcūchádànfàn) etc... Ce n'est pas par forfanterie, mais par modestie.
Vous entendrez souvent : « merci ! » 谢谢 (xièxie). Remarquons qu'on l'utilise rarement lorsque quelqu'un rend la monnaie. Pour un Chinois, c'est bizarre de dire merci à quelqu'un qui vous doit de l'argent.
L'interlocuteur répond d'un cordial « il n'est pas nécessaire d'être poli » 不客气 (búkèqi), ou « ne me remerciez pas » 不谢 (búxiè), « n'en faites rien » 不用谢 (búyòngxiè). Si vous êtes en famille, ou avec de très proches amis chinois, évitez de dire merci, car ceux-ci le reçoivent comme une marque de non-familiarité 见外 (jiànwài) et on vous dira « on se connaît pas ?! » 别见外 (biéjiànwài) ce qui signifie en fait « ne faites pas comme si on ne se connaissait pas. »
On dit aussi « pardon » 对不起 (duìbùqǐ) si l'on écrase les pieds de quelqu'un en Chine. Mais c'est moins important que dans nos contrées...