Dernière mise à jour à 15h41 le 14/08
Le 26 décembre 2013, le premier ministre japonais Shinzo Abe en pèlerinage au sanctuaire Yasukuni, à Tokyo. |
Contrairement à l'Allemagne, le Japon n'a pas reconnu ses errements passés, et des signes inquiétants montrent que le nationa-lisme pourrait y renaître de ses cendres, analyse l'auteur.
LI SHI'AN*
Le documentaire Lumières et Ténèbres - réflexions sur les responsabilités de l'Allemagne et du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, diffusé en juin dernier sur la CCTV, expose les attitudes différentes de l'Allemagne et du Japon envers leurs responsabilités dans la guerre et les leçons qu'ils en tirent. Un documentaire qui s'appuie sur un grand nombre de documents et d'archives historiques, ainsi que d'interviews avec de nombreux témoins, hommes politiques, chercheurs et personnes ordinaires.
Réflexions différentes
Le documentaire s'ouvre sur le discours prononcé par la chancelière allemande Angela Merkel en 2014 à l'université Tsinghua de Beijing. Mme Merkel a dit à propos de l'histoire de l'Allemagne nazie que tous les Allemands se doivent d'examiner les faits et les manquements du passé. « C'est un processus douloureux », a-t-elle expliqué, mais « il est correct que l'Allemagne regarde en face son histoire pour que ses descendants ne commettent pas les mêmes erreurs ».
Le documentaire montre une grande quantité d'archives illustrant la profonde réflexion qui s'est engagée parmi les Allemands en vue de conjurer leur passé. Par exemple, le gouvernement allemand a présenté ses excuses à la Pologne et ce pardon a été demandé par des actions concrètes ; l'Allemagne a érigé au centre de Berlin un monument en commémoration des juifs tués pendant la Guerre mondiale.
L'attitude du Japon est très différente de celle de l'Allemagne. Pendant les décennies qui ont suivi la guerre, ce pays n'a pas reconnu sa responsabilité particulière et est allé jusqu'à modifier les contenus des manuels scolaires, transformant son agression en « guerre pour libérer l'Asie de l'Est », posant le Japon en victime de la guerre. On voit même certains hommes politiques japonais se rendre en pèlerinage au sanctuaire Yasukumi et encourager la renaissance du militarisme. Un des signes les plus inquiétants de cette dérive est apparu en 2014, lorsque le gouvernement Abe a fait voter au parlement japonais la révision de l'article 9 de la Constitution japonaise. Une révision qui ouvre le droit au Japon d'exercer son droit à l'autodéfense collective, de renforcer son armée et d'envoyer à l'étranger des forces militaires. Selon un historien allemand, « l'Allemagne et le Japon ont déclenché la guerre mondiale par le nationalisme extrême et le racisme. Le Japon nie et relativise ses responsabilités pour défendre son identité nationale, tandis que l'Allemagne lutte contre le nationalisme et le racisme de façon radicale ».