Face à l'opposition, François Hollande n'a cependant pas osé se prononcer de manière trop absolue. Vendredi, le Président français a déclaré que sur le fait de savoir s'il faut vendre ou non ces navires de guerre à la Russie, il prendra une décision finale d'ici la fin du mois d'octobre, « en fonction des circonstances ». Quoi qu'il en soit, peu importe le genre de résultats, une chose est certaine : si le contrat est vraiment annulé, le résultat ne saurait être que perdant-perdant. Et pour la partie française, les pertes seront encore plus lourdes.
Tout d'abord, l'éventuelle annulation de la vente des « Mistral » porterait un rude coup à la réputation nationale de la France et à l'intégrité de ses entreprises, faisant hésiter de nombreuses personnes à faire des affaires avec la France. Le Groupe Dassault, par exemple, a remporté un contrat de fourniture de chasseurs Rafale à l'Inde en 2012. Mais pour l'heure, aucun contrat de vente formel n'a encore été signé, pour diverses raisons. On ne peut exclure que la suspension des ventes d'armes à la Russie soit susceptible de faire peser des doutes sur le contrat d'armement entre la France et l'Inde.
Ensuite, la résolution de la crise en Ukraine passera finalement par un règlement politique. Ainsi, ce n'est pas parce que la France vendra ces navires de guerre à la Russie que la situation en Ukraine en deviendra plus complexe. Au contraire, ne pas les livrer est susceptible d'irriter davantage encore la Russie, renforçant l'opposition entre le monde occidental et elle, sans que cela ne puisse pour autant aider à la résolution du problème ukrainien.
En outre, la situation économique actuelle en France est sombre, la situation de l'emploi très difficile. Si le contrat était annulé, cela pourrait y conduire à la perte de 1 500 emplois, ce qui aurait sans aucun doute un impact majeur sur l'industrie de la construction navale française. Sans compter que la France devrait aussi payer d'énormes pénalités à la Russie. Il ne s'agirait donc pas de petites pertes.
Dans le passé, sous l'impulsion du Général de Gaulle, la France a mis en œuvre une politique étrangère indépendante. Même quand la gauche est arrivée au pouvoir avec l'ancien président François Mitterrand, cette politique n'a pas changé. Mais aujourd'hui, la France écoute les sirènes de l'Amérique, se montre indécise sur les grandes décisions, et revient en arrière. Face à cela, on ne peut pas s'empêcher de s'inquiéter de l'avenir de la politique étrangère française.
Ren Yaqiu
Le 9 septembre 2014