Dernière mise à jour à 08h41 le 25/11
Des avions de combat F-16 turcs en patrouille près de la frontière syrienne ont abattu un bombardier russe mardi après qu'il ait apparemment violé l'espace aérien de la Turquie, une escalade crainte depuis longtemps et qui pourrait tendre davantage encore les relations entre la Russie et l'Occident. Le Ministère de la Défense russe a confirmé que l'un de ses jets, un Sukhoi SU-24, s'était bien écrasé en Syrie, mais a déclaré qu'il avait été abattu « vraisemblablement à la suite d'un tir depuis le sol », affirmant également que « l'avion est resté exclusivement au-dessus du territoire de la Syrie pendant tout le vol ».
L'armée turque n'a pas identifié la nationalité de l'avion, mais a déclaré dans un communiqué sur son site Internet que ses pilotes ont tiré seulement après des avertissements répétés envoyés à l'autre avion de guerre. « L'avion est entré dans l'espace aérien turc au-dessus de la ville de Yayladagi, dans la province du Sud-est de Hatay », dit la déclaration. « L'avion a été averti 10 fois en l'espace de 5 minutes avant d'être abattu ». De son côté, la Russie dément avoir violé le territoire turc, et précisé que les deux pilotes s'étaient éjectés mais que l'un d'entre eux a été massacré par les rebelles avant même d'avoir pu atteindre le sol.
L'incident intervient juste un jour avant que le Ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov, devait se rendre en Turquie, réunion annulée depuis. Les relations entre les pays ont été tendues par l'intervention du Kremlin en Syrie au nom du président Bachar el-Assad et contre les rebelles soutenus par Ankara. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a déclaré mardi à Moscou qu'il était impossible de dire comment cela pourrait affecter les relations entre les pays jusqu'à ce que les circonstances aient été mieux éclaircies. De son côté, Vladimir Poutine a vivement réagi, qualifiant l'incident de « coup de poignard dans le dos ».
L'entrée de la Russie dans le ciel très fréquenté autour de la Syrie a soulevé des préoccupations immédiates au sujet de méprises qui, par inadvertance ou autrement, pourraient conduire à des confrontations impliquant la Turquie, membre de l'OTAN et les Etats-Unis. La Turquie a déjà mis en garde Moscou au sujet des intrusions dans son espace aérien au moins deux fois depuis que la Russie a commencé sa campagne de bombardement en septembre et a la semaine dernière abattu un drone dont les analystes ont dit qu'il était probablement aussi d'origine russe.