Processus de paix syrien : l'espoir très prudent des grandes puissances

En dépit des frustrations nées de la suspension des pourparlers de paix inter-syriens, les grandes puissances croient toujours qu'une solution politique, même s'il sera difficile d'y parvenir, constitue le meilleur moyen d'établir une paix durable dans un pays ravagé par la guerre.

Les Etats-Unis et la Russie, considérés comme des acteurs majeurs dans la résolution de cette crise prolongée, ont convenu de travailler ensemble pour que ces pourparlers reprennent au plus vite à Genève sous les auspices de l'ONU.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry se sont entretenus jeudi par téléphone, exhortant toutes les parties syriennes à prendre des mesures pour que l'aide humanitaire parvienne, sous les auspices de l'ONU, dans les régions assiégées par les forces gouvernementales et les insurgés.

MM. Lavrov et Kerry ont convenu de se coordonner pour livrer cette aide par les airs dans certaines régions du pays à l'aide d'avions de transport militaire, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.

Parallèlement, Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche, a relevé que la Russie avait un intérêt à ce que ces pourparlers inter-syriens progressent et réussissent. "Nous avons noté que les Russes ont parfois exercé leur influence sur le régime Assad pour réunir les deux parties et nous espérons qu'ils continueront de le faire", a-t-il dit.

La Chine, qui milite également activement pour une solution politique à ce conflit, a renouvelé jeudi son appel à des efforts concertés pour aider à alléger la crise humanitaire en Syrie.

S'exprimant lors de la conférence des donateurs de Londres, baptisée "Soutenir la Syrie et la région", le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a estimé que la résolution des problèmes humanitaires ne passait pas seulement par une aide d'urgence, mais aussi par l'élimination des racines du conflit.

Pour lui, la communauté internationale doit redoubler d'efforts pour trouver une solution politique à cette crise, ce qui sera le meilleur moyen de remédier aux maux humanitaires. A Londres, la Chine a notamment promis de livrer 10.000 tonnes de nourriture aux réfugiés, qui viennent s'ajouter à l'aide humanitaire de 230 millions de yuans (37,6 millions de dollars) promise par le président chinois Xi Jinping lors de sa dernière tournée au Moyen-Orient.

La conférence des donateurs a vu ses participants promettre dix milliards de dollars d'ici 2020 afin de venir en aide aux réfugiés syriens et aux pays qui les abritent.

Bien que se disant heureux de la générosité internationale, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé qu'on avait perdu du temps. "On ne peut plus continuer comme ça. Il n'y a pas de solution militaire. Seul un dialogue politique sauvera les Syriens de cette intolérable souffrance", a-t-il lancé.

Alors que la guerre va entrer dans sa sixième année, "la communauté internationale porte une lourde responsabilité en n'ayant pas su y mettre fin", a déploré M. Ban.

Si beaucoup sont persuadés qu'une solution politique est le seul moyen viable de mettre fin à la crise syrienne, les perspectives de paix semblent toutefois fragiles.

Le politologue syrien Isam Amer a confié à l'agence Xinhua que l'on assistait aujourd'hui à une intensification des combats sur tous les fronts, chacun essayant d'enregistrer des gains territoriaux afin de renforcer ses positions à la table des négociations à Genève.

Par ailleurs, de nombreuses divisions existent au sein de l'opposition à Bachar el-Assad. Pour les analystes, il sera difficile de faire des compromis pendant ces discussions.

Depuis le début des troubles en mars 2011, on estime que le conflit syrien a causé la mort de 250.000 personnes, fait 6,5 millions de déplacés et poussé plus de quatre millions de personnes à fuir leur pays. On évalue à environ 13,5 millions les personnes ayant besoin d'une aide humanitaire d'urgence.