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Les relations russo-américaines continuent à se dégrader après le déploiement du bouclier antimissile américain en Roumanie

Xinhua | 16.05.2016 08h25

Le récent déploiement d'un système de défense antimissile américain en Roumanie ne pourra pas vraiment nuire davantage aux relations entre les Etats-Unis et la Russie, tant il est vrai que celles-ci sont déjà dans un état déplorable ; mais il pourrait bien rendre encore plus difficile toute tentative pour améliorer ces relations dans un avenir proche, selon des experts.

Jeudi, les Etats-Unis ont inauguré leur nouveau système de défense antimissile en Roumanie, un système que le Kremlin a immédiatement qualifié de "menace directe" contre la Russie - en dépit de l'insistance de Washington sur la nature "défensive" du système, qui ne serait selon les Etats-Unis nullement dirigé vers la Russie.

Ce déploiement risque de dégrader davantage encore des relations déjà tendues entre les deux pays. Les liens russo-américains ont commencé à tourner à l'aigre en 2014, au moment de l'absorption de la Crimée par la Russie. Washington a en effet décrit cette absorption comme une "agression", ce que la Russie nie fermement, affirmant qu'il s'agissait du choix souverain du peuple de Crimée.

Après l'annexion de la Crimée par la Russie, les pays occidentaux ont suivi les Etats-Unis dans leur décision d'imposer des sanctions économiques majeures à la Russie ; ils ont également pris une série de mesures destinées à saper l'influence internationale de la Russie, notamment en l'excluant du G8, a expliqué à Xinhua William Courtney, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Kazakhstan et en Géorgie.

Si les relations russo-américaines sont maintenant au plus bas, la question de savoir si elles peuvent s'améliorer reste ouverte.

Le candidat désigné du parti républicain à la présidence américaine, Donald Trump, a appelé avec insistance les Etats-Unis à améliorer leurs relations avec la Russie ; en avril, il a déclaré au cours d'un discours sur les affaires étrangères qu'il croyait fondamentalement en l'apaisement. "Il est difficile de prévenir l'avenir des relations entre les Etats-Unis et la Russie. Ces relations ont été soumises à un certain nombre de mauvaises surprises au cours des dernières années, dont l'annexion de la Crimée, les incursions russes dans l'est de l'Ukraine, ou encore les pressions russes exercées sur la Turquie, un allié traditionnel des Etats-Unis", a expliqué Courtney, maintenant adjoint-chercheur supérieur au sein de la RAND Corporation.

"Un nouveau président américain et un nouveau Congrès seront élus en novembre, et cela pourrait jouer sur l'évolution des relations bilatérales", a déclaré M. Courtney. Il a cependant ajouté que toute amélioration majeure des relations avec Washington exigerait probablement de la Russie un retrait substantiel de sa présence dans l'est de l'Ukraine.

Selon M. Courtney, le système de défense antimissile déployé en Roumanie est par ailleurs incapable d'intercepter les missiles balistiques russes à longue portée, notamment ceux conçus pour pouvoir atteindre les Etats-Unis.

Le Kremlin reste néanmoins inquiet à l'idée qu'un futur système de défense se montre plus performant contre les armements à longue portée, ou encore que la base installée en Roumanie puisse un jour accueillir d'autres types d'armes, a-t-il expliqué.

La réaction de la Russie au déploiement de ce système antimissile reste impossible à prévoir pour le moment. Moscou pourrait par exemple répondre en déployant de nouvelles forces dans la région, ou encore en modifiant ouvertement l'entraînement de ses troupes de manière à ce que les Etats-Unis se sentent inquiétés, conduisant à une nouvelle dégradation des relations avec l'OTAN et les Etats-Unis, selon M. Courtney.

Daniel Kochis, associé-chercheur en sécurité nationale au sein de la Heritage Foundation, a déclaré à Xinhua que l'indignation de la Russie au sujet du bouclier antimissile n'était qu'une tentative pour paraître plus forte.

Les protestations et les menaces émises par Moscou au cours des deux derniers jours ne serviraient en réalité qu'à présenter au peuple russe le président Poutine comme un homme fort et déterminé à résister à l'Occident, et à lui imposer l'idée que la Russie est constamment menacée par les pays occidentaux, selon M. Kochis.

Le chercheur a souligné que la Russie avait elle-même dépensé des milliards de dollars pour moderniser ses propres forces nucléaires, et était en train de développer son propre système de défense contre les missiles balistiques.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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