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France : le gouvernement revient sur sa décision d'interdire la manifestation du 23 juin contre le projet de loi Travail

Xinhua | 23.06.2016 08h22

Les autorités françaises sont revenues sur leur décision d'interdire la manifestation du jeudi 23 juin, qui a suscité de vives polémiques tôt mercredi matin en France.

Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a finalement autorisé la dite manifestation à la suite d'une rencontre avec les leaders du CGT (Confédération générale du travail) et du FO (Force ouvrière) ce mercredi à place Beauvau.

"Après des discussions serrées avec le ministre de l'Intérieur, les organisations syndicales et de jeunesses ont obtenu le droit de manifester à Paris le 23 juin sur un parcours proposé par le ministre de l'Intérieur ", a déclaré Philippe Martinez secrétaire général du CGT, lors d'une conférence de presse après la rencontre avec Bernard Cazeneuve.

Le parcours proposé par M. Cazeneuve est une boucle d'un peu plus d'un kilomètre qui partira de la place de la Bastille en passant par le bassin de l'arsenal pour se terminer sur le même point de départ (place de Bastille) a précisé Jean Claude Maillet, secrétaire général de FO.

Cette autorisation vient mettre un terme au tollé suscité par l'interdiction de cette manifestation contre le projet de loi Travail, annoncée dans un communiqué par la préfecture de police, et confirmée quelques heures plus tard par le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, au sortir du Conseil des ministres.

"Les représentants des syndicats refusant catégoriquement la tenue d'un rassemblement statique et formulant ensuite des propositions alternatives d'itinéraires. Après examen attentif, ces propositions alternatives ne permettent en aucune façon de répondre à la nécessaire sécurité des personnes et des biens, ni aux exigences de mobilisation maximale des forces de police et des forces mobiles contre la menace terroriste (...) Dans ces conditions le Préfet de police considère qu'il n'a pas d'autre choix que d'interdire la tenue de la manifestation", a indiqué mercredi matin dans un communiqué le préfet de police.

"Tant que les conditions de sécurité de protection des personnes et des biens ne sont pas réunies, l'autorisation de manifester n'est pas donnée. Voilà le principe qu'a rappelé le président de la République", a rajouté Stéphane Le Foll, à l'issue du Conseil des ministres.

Cette décision des autorités d'interdire une manifestation syndicale a été durement critiquée par les syndicats et les politiques, notamment ceux de gauche qui ont appelé à braver l'interdiction.

"Sur la question sociale s'ajoute maintenant une question démocratique élémentaire. Car interdire une manifestation syndicale, c'est du jamais vue en France. C'est une violence adressée à des centaines de milliers de personnes qui résistent depuis plus de trois sous différentes formes, contre la loi de Travail", a réagi sur BFMTV, Olivier Besançenot du NPA (Nouveau parti anticapitaliste).

Pour le député socialiste "frondeur", Christian Paul, l'interdiction de cette manifestation "est une faute historique car jamais sous la cinquième République un gouvernement n'a interdit un cortège organisé par les grands syndicats de salariés. C'est une décision absolument indéfendable, une régression de nos libertés démocratiques", a-t-il ajouté.

Les écologistes et les communistes ont eu la même réaction, dénonçant toute interdiction de manifester aux organisations syndicales.

"Quand un gouvernement viole les libertés fondamentales comme le droit de manifester, on doit s'opposer à cette violation", a déclaré sur la même chaîne, André Chassaigne, président du groupe de gauche à l'Assemblée nationale.

Pierre Laurent, secrétaire général du parti communiste, a dénoncé "une décision politique prise au plus haut niveau, et qui est une décision politiquement autoritaire et irresponsable".

Selon le secrétaire national EELV, David Cormand, l'interdiction de la manifestation rajoute encore de la tension dans un moment politique déjà extrêmement tendu.

"Dans un climat tendu, remettre à nouveau de la tension c'est faire peser énormément de risque sur le climat social dans notre pays", a-t-il indiqué.

Face à l'ampleur de la polémique, le gouvernement a vite révisé sa position tout en précisant qu'il ne tolérera aucun débordement.

"J'appelle les organisateurs à la responsabilité, aucun débordement, aucune violence ne sera toléré. Il en va de notre capacité à faire vivre le débat démocratique dans des conditions apaisées et républicaines dans notre pays", a déclaré mercredi le ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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