Dernière mise à jour à 08h16 le 13/10
Le chef de l'Etat français François Hollande s'est déclaré "prêt" à faire le bilan de son mandat dans une longue interview accordée au journal français L'Obs, à paraître jeudi 13 octobre.
Selon M. Hollande, les Français "vont pouvoir comparer non pas ce que j'ai fait à l'aune de ce que j'avais promis, même si je suis prêt à faire l'inventaire sur mes 60 engagements", mais "ils vont pouvoir comparer ce que j'ai fait dans le contexte que chacun connaît avec ce que proposent ceux qui prétendent nous remplacer".
Interrogé sur la déception de nombreux électeurs de gauche quant à l'orientation politique de son quinquennat, qui ne serait pas assez de gauche, le chef de l'Etat français s'en est défendu : "J'ai mené une politique de gauche. Une politique de gauche, c'est avoir fait de l'Education nationale la priorité en créant 60.000 postes alors que, de 2007 à 2012, 80.000 avaient été détruits. Une politique de gauche, c'est avoir réduit les inégalités fiscales. Une politique de gauche, ce sont des avancées sociales. Et il y en a eu ! (...) Une politique de gauche, c'est avoir réussi à conclure à Paris un accord mondial sur le climat, assuré la transition énergétique, diminué la part du nucléaire, renforcé les énergies renouvelables. Et je pourrais continuer", a-t-il affirmé.
François Hollande a exprimé un regret, celui d'avoir proposé l'extension de la déchéance de nationalité pour les actes terroristes alors qu'il y était opposé par le passé : "Je mesure le trouble que cette initiative a pu créer. Je m'y étais moi-même opposé lorsque Nicolas Sarkozy, en juillet 2010, avait voulu étendre les cas pour lesquels la déchéance de nationalité pouvait être prononcée", a-t-il déclaré, ajoutant qu'une telle mesure ne serait pas efficace : "Puisque les terroristes veulent mourir, la déchéance de nationalité n'a donc aucune valeur dissuasive", a-t-il expliqué.
Le chef de l'Etat français regrette que la gauche l'ait regardée "comme une mesure qui pouvait diviser. Je regrette que l'opposition en ait fait un sujet de surenchère politique".
Interrogé sur le sentiment de régression qu'a suscité la loi El Khomri réformant le code du Travail français, François Hollande a affirmé qu'il s'agissait d'une loi sociale : "Elle clarifie les règles du licenciement. Elle simplifie la procédure aux prud'hommes. C'était nécessaire, il y avait trop d'incertitudes pour les employeurs et d'injustice pour les salariés", a-t-il affirmé.
A l'évocation d'éventuelles candidatures à la présidentielle de 2017 venant de personnes ayant été ministres puis ayant quitté son gouvernement, François Hollande estime que "c'est une forme d'oubli de ce qu'est le sens de la vie politique", regrettant le départ de certains qui avaient "l'opportunité de changer la France".
Selon le président français, le programme de la droite s'appuie sur "la revanche, la réaction et la régression", et celui de l'extrême-droite représente "un danger pour notre modèle républicain".
Interrogé sur le concept d'"identité heureuse" d'Alain Juppé, candidat annoncé comme favori de la primaire des Républicains, François Hollande estime que les deux mots sont "mal choisis" : "'Identité', parce que la France est renvoyée à son passé alors que c'est l'idée de la France qui constitue son histoire et son avenir. Et 'heureuse', parce que c'est un malentendu. Ce qui est proposé par Alain Juppé c'est une solidarité malheureuse".
Cet entretien renforce les interrogations de nombreux médias français sur une annonce prochaine de François Hollande quant à une candidature pour un second mandat.