Dernière mise à jour à 11h29 le 24/04
Selon Zabiullah Mujahid, un porte-parole du groupe extrémiste, la sanglante incursion des Talibans vendredi sur une base de l'armée du Nord qui a tué ou blessé plus d'une centaine de personnes a été perpétrée pour venger la mort de deux de ses responsables dans les provinces du Nord de Kunduz et Baghlan. Au moins 140 personnes ont été tuées dans l'attaque, ont précisé à CNN des sources proches de la situation. Les sources sont des fonctionnaires qui ont demandé l'anonymat afin de ne pas interférer avec le Ministère de la défense ou le Ministère de l'intérieur, qui sont responsables de la déclaration des décomptes officiels des victimes.
D'après l'armée afghane, l'assaut a commencé alors que des soldats observaient les prières du vendredi dans le Camp Shaheen près de Mazar-e Sharif, l'une des villes les plus peuplées et développées du pays. La ville se trouve dans la province de Balkh et la base est le siège du 209e corps de Shaheen. Dawlat Waziri, un porte-parole du Ministère afghan de la défense, a refusé de donner une comptabilité plus précise des morts et des blessés, mais a déclaré qu'elle serait publiée plus tard. L'attaque a été menée par des combattants talibans habillés en uniformes militaires, qui sont entrés dans la base à bord de véhicules et ont ouvert le feu, a de son côté déclaré Abdul Qahar Araam, porte-parole de l'armée afghane. Les tirs ont été suivis d'une explosion qui a touché l'une des portes de la base. L'attaque a duré six heures. À la fin des combats, au moins cinq attaquants ont été tués et un a été arrêté.
Le Président afghan Ashraf Ghani a déclaré dimanche journée nationale de deuil en hommage aux membres des forces afghanes tués sur la base. Cette attaque massive est un revers pour le gouvernement afghan et ses alliés de la coalition face à une insurrection des Talibans persistante et à la présence de l'Etat islamique et d'autres groupes terroristes, contre lesquels les troupes américaines se battent depuis près de 16 ans. En février, le général John Nicholson, commandant des forces américaines en Afghanistan, a déclaré au Comité des services armés du Sénat que le gouvernement actuel qualifiait « la situation actuelle en matière de sécurité en Afghanistan d'impasse», ajoutant « Nous restons préoccupés par de multiples facteurs critiques », comme la stabilité du gouvernement, les pertes militaires afghanes, l'influence du Pakistan, de la Russie et de l'Iran, « la convergence » de divers groupes terroristes, le commerce des stupéfiants et la corruption. Il y a à ce jour 8 400 soldats américains en Afghanistan et 6 000 soldats de l'OTAN et des pays alliés, un nombre que le général Nicholson juge insuffisant pour sortir de l'impasse.
Selon le dernier rapport trimestriel de l'inspecteur général spécial pour la reconstruction en Afghanistan, du 1er janvier au 12 novembre de l'année dernière, 6 785 hommes des forces de sécurité nationale afghanes ont été tués. L'attaque des Talibans survient plus d'une semaine après que l'armée américaine ait largué la bombe non nucléaire la plus puissante qu'elle possède sur des cibles de l'Etat islamique en Afghanistan, tuant 94 combattants du groupe terroriste. Malgré les doutes du général Nicholson, le conseiller en sécurité nationale, le lieutenant-général H.R. McMaster, qui s'est rendu récemment en Afghanistan à l'heure où Washington considère un « examen stratégique complet » de sa politique à l'égard de ce pays, s'est dit plutôt optimiste : « Au cours de ces dernières années, au moment de notre effort maximal, nous n'avions pas dans le gouvernement afghan un partenaire aussi fiable que nous l'aurions voulu. Mais aujourd'hui, nous avons un partenaire afghan beaucoup plus fiable et nous avons réduit considérablement le degré et la portée de nos efforts ».