Dernière mise à jour à 08h56 le 26/04
L'insurrection naxalite, qui dure depuis plusieurs décennies en Inde, vient de faire de nouvelles victimes dans ce que le Premier ministre Narendra Modi a dénoncé comme une « attaque lâche ». Au moins 25 policiers ont été tués et six autres ont été blessés lundi, lorsque des centaines de rebelles naxalites, qui se revendiquent comme « maoïstes » ont attaqué un convoi dans le centre de l'Inde, ont déclaré des responsables à CNN. Selon des chiffres officiels, depuis 2010, les rebelles ont tué environ 2 100 civils et 800 membres des forces de sécurité dans le cadre de leur conflit en cours avec le gouvernement indien. Les groupes naxalites indiens, qui tirent leur nom du village de Naxalbari, un village situé dans le district de Darjeeling, au Nord du Bengale-Occidental d'où le mouvement est issu sont actifs dans le pays depuis les années 1960, mais l'insurrection moderne n'a commencé qu'au début des années 2000 avec l'émergence de l'Armée de de guérilla de libération populaire.
Selon Jitendra Shukla, super-intendant de la police, environ 70 membres des Forces centrales de police de réserve de l'Inde (CRPF) patrouillaient dans un projet de construction de routes dans le district de Sukma, dans l'État de Chhattisgarh, quand ils sont tombés dans une embuscade. Le porte-parole des CRPF, Siroj Kujur, a précisé à CNN que les forces de sécurité ont été atteintes par le feu nourri d'environ 500 rebelles cachés dans les forêts denses qu'ils traversaient. 23 policiers ont été tués sur place, et 2 sont morts plus tard à l'hôpital. 6 autres ont également été blessés dans l'attaque. Il s'agit de la deuxième attaque contre les troupes des CRPF à Chhattisgarh en moins de deux mois. En mars, 12 avaient déjà été tués dans une attaque attribuée aux mêmes rebelles contre un autre convoi dans le même district.
Le Premier ministre Modi a déclaré que l'attaque était « lâche et déplorable ». « Nous surveillons la situation de près », a-t-il déclaré sur Twitter. « Le sacrifice des martyrs ne sera pas vain. Condoléances à leurs familles ». Selon l'Institut pour la gestion des conflits (ICM) basé à New Delhi, les groupes naxalites sont actuellement actifs dans 156 districts de 13 États de l'Inde. De son côté, l'ancien Premier ministre indien Manmohan Singh a décrit les rebelles soi-disant maoïstes -bien organisés et bien entraînés- de « menace la plus grave pour la sécurité intérieure », qui a pour but, selon le Ministère indien de l'intérieur, de « renverser la structure de l'État démocratique existante avec la violence comme arme principale ». Le groupe est classé comme une organisation terroriste interdite. « En ce qui les concerne, c'est un conflit irréductible », a déclaré Ajai Sahni, directeur exécutif de l'ICM. « Tous les problèmes qu'ils abordent ne visent qu'à faire progresser la guerre populaire. Ils disent que toute action qui n’entraîne pas la guerre populaire est futile ».
Le gouvernement a répondu à l'insurrection naxalite avec une répression concertée dans les zones où les groupes sont actifs, une approche qui a été critiquée par certains observateurs comme étant lourde et encline à des abus. Selon Nandini Sundar, professeur à l'Université de Delhi et auteur de « La forêt en feu : la guerre de l'Inde dans le Bastar », les zones dans lesquels ces groupes sont actifs sont parmi les plus pauvres du pays, soulignant l'accord de paix du gouvernement colombien avec le groupe rebelle des FARC comme exemple d'une voie potentielle à suivre. « C'est semblable à la situation colombienne et au genre de mouvements de guérilla en Amérique latine, où la réponse a finalement été des pourparlers de paix par le biais de commissions de réconciliation et de négociations. Il est triste de voir que personne n'apprend aucune leçon, que personne ne réfléchit sur ce qui s'est passé ».