Dernière mise à jour à 09h19 le 28/04
Le Parlement européen a entamé mercredi officiellement la procédure de levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen, candidate d'extrême droite à la présidence française, sur des soupçons d'abus de fonds de l'UE. Selon des sources proches du dossier qui ont transmis jeudi l'information à l'AFP, le Parlement européen évalue désormais à près de 5 millions d'Euros son préjudice potentiel pour les salaires qui auraient été versés frauduleusement à des assistants d'eurodéputés FN entre 2012 et 2017, au centre d'une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs. Les procureurs français avaient demandé la semaine passée aux législateurs européens de lever l'immunité du leader du Front national (FN) pour poursuivre l'enquête sur un éventuel abus de fonds de l'UE.
Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a déclaré mercredi aux députés à Bruxelles que la demande « a été transmise à la commission des questions juridiques du Parlement européen, chargée de ces questions ». Marine Le Pen est accusé d'avoir payé son garde du corps, Thierry Legier, et son chef d'état-major, Catherine Griset, avec des fonds parlementaires de l'UE. Elle aurait par ailleurs soumis un contrat de travail « fictif » au Parlement européen, présentant Thierry Legier comme assistant, tandis que Catherine Griset habitait près de Paris et travaillait pour le compte du FN en France plutôt que lors des assemblées du Parlement européen. L'un et l'autre ont été interrogés par les enquêteurs en février, bien que seul Catherine Griset ait été accusée de dissimulation.
A la fois membre du Parlement européen et candidate FN à la présidence, Marine Le Pen emploie des membres du personnel dont les rôles sont liés soit à la politique nationale soit à la politique européenne. Cependant, il est strictement interdit aux députés européens de dépenser de l'argent européen pour leurs tâches politiques nationales. De son côté, MarineLe Pen a dénoncé cette enquête comme étant une ingérence politique et a décrit les allégations portées à son encontre de « mensonge à visage nu ». Le Parlement européen avait précédemment accusé la patronne du FN d'utiliser des fonds de l'UE lors de la législature 2011-2012, disant qu'elle l'avait fraudé pour près de 340 000 Euros. Marine Le Pen a également nié tout acte répréhensible en l'espèce, citant un ajustement comptable. Son refus, jusqu'à présent, de rembourser l'argent a amené le Parlement européen à commencer à prélever plus de 7 000 Euros par mois sur son salaire et ses indemnités de députée européenne.
La candidate d'extrême-droite aux présidentielles françaises a déjà perdu son immunité parlementaire dans un cas distinct le mois dernier. Cette décision a permis à un tribunal de Paris de continuer ses poursuites contre elle pour avoir publié des images de la brutalité du groupe terroriste État islamique sur Twitter en 2015. En France, cette infraction est passible d'une peine de trois ans de prison et d'une amende de 75 000 Euros. Marine Le Pen a recueilli 21,4% des votes lors du premier tour des élections présidentielles française dimanche, terminant deuxième derrière l'ancien banquier devenu politicien Emmanuel Macron. Les sondages révèlent qu'Emmanuel Macron, âgé de 39 ans, battrait Marine Le Pen au second tour du 7 mai par un score d'environ 60% contre 40%.