Dernière mise à jour à 16h33 le 27/04

Page d'accueil>>International

Pourquoi la voie du TPP est-elle de plus en plus étroite ?

le Quotidien du Peuple en ligne | 27.04.2017 16h31

Le TPP (Accord de partenariat trans-Pacifique) a récemment refait surface au sein de l'opinion publique. Bien que les États-Unis aient annoncé leur retrait, le Japon a eu le courage de proposer de relever le gant, affirmant être prêt à diriger les 11 pays restants pour poursuivre les négociations sur le TPP. Reste à savoir cependant ce que ces pays pensent de l'idée de voir le Japon conduire à son tour les négociations sur le TPP. Ces pays ont chacun leurs propres points de vue sur le sujet, certains veulent modifier le contenu de l'accord, d'autres espèrent voir la Chine se joindre au TPP et y jouer le rôle de « chef de groupe ». En bref, avec toute cette dispersion, ce « groupe » du TPP n'a plus rien d'amusant.

Mais alors, pourquoi l'avenir du TPP est-il aussi boiteux? Pour le comprendre, il faut savoir d'où vient et où va le TPP.

Du point de vue historique, le TPP est un pur produit de la pensée de la guerre froide. Bien que la version initiale du TPP ne soit pas née aux États-Unis, que ceux-ci ne l'aient seulement rejoint qu'à mi-chemin, il ne fait néanmoins aucun doute aujourd'hui que la forme actuelle du TPP a été forgée par les États-Unis, que c'est un produit de la « stratégie de rééquilibrage en Asie-Pacifique » de l'administration Obama. L'idée du TPP de l'ère Obama, c'est de constituer une « OTAN économique en Asie-Pacifique » et de créer une « OMC d'Asie-Pacifique sans la Chine », une réplique de la mentalité de la guerre froide. Bien que le TPP ait également perçu les changements dans l'environnement actuel du commerce international, et la nécessité de nouvelles règles commerciales, il se base sur une politisation des questions économiques et la constitution de « petits cercles de commerce », en opposition radicale avec les exigences réelles. Les changements du commerce contemporain, la mondialisation de la chaîne de valeurs, des produits de plus en plus complexes, nécessitent une division du travail plus large, tandis que l'interaction entre le commerce et l'investissement, la production et la consommation, le savoir et la force humaine est devenue de plus en plus étroite. La demande qui en résulte est de promouvoir une coopération économique plus grande et plus poussée. Le TPP est en fait un obstacle à la fabrication, et qui enferme ses « partenaires » à l'intérieur d'un cercle.

Du point de vue de l'avenir, un « TPP réduit » est une voie sans issue. Avec les États-Unis, la construction du TPP représentait un énorme « gâteau », un marché comptant 800 millions d'habitants, représentant 40% du PIB mondial, avec des pays possédant des ressources naturelles, des pays producteurs, des pays avec des consommateurs. Avec le retrait des États-Unis, ce « gâteau » perd d'un seul coup 40 % de sa population et 2/3 de son PIB. Quelle attirance a encore ce qui reste ? À l'heure actuelle, le Japon représente 60% du PIB de ce reste du TPP, ce qui lui donne un petit arrière-goût de « one man show ». En ce qui concerne les autres pays, ce qui les intéressait surtout à l'origine, c'était de pénétrer le marché américain. Aujourd'hui que les États-Unis se sont retirés, bien que le Japon soit la troisième plus grande économie du monde et qu'il compte aussi plus de cent millions d'habitants, son marché est très saturé. Sur quoi peut-il compter pour satisfaire l'appétit de ses « petits partenaires » ?

Si la route du TPP est si difficile, la plus grande des raisons en réside dans une façon de penser erronée, celle qui consiste à vouloir appliquer mécaniquement aux autres sa propre expérience, ou les faire entrer de force dans un moule. Le TPP a connu plusieurs cycles de négociations, appelant rien moins qu'à « mettre en place de nouvelles normes du commerce international », ce qui revenait à vouloir se donner un ensemble de règles alors que rien n'avait encore été fait. Le TPP proclamait vouloir établir de nouvelles règles du commerce international dans des domaines comme le commerce des services, la propriété intellectuelle, le commerce de produits agricoles, en en excluant la Chine sous le prétexte qu'elle ne respectait pas ces normes dans ces domaines. Pourquoi vouloir « créer de nouvelles normes » dans ces domaines ? Tout cela est en fait lié à la situation des États-Unis. A l'heure actuelle, dans le PIB des États-Unis, du Japon, de l'Europe occidentale et d'autres pays et régions, la proportion du secteur des services représente pas moins de 80%, tandis que, traditionnellement, le secteur des services est considéré comme commercialement difficile. Si les États-Unis ont fait la promotion du TPP, c'était pour que, par le biais de moyens comme les droits de propriété intellectuelle, le secteur des services devienne commercialisable et, couplé à leurs avantages dans des industries comme l'agriculture, et qu'ils puissent ainsi tenter de définir leurs propres conditions pour les normes du commerce international, et exclure de l'arène internationale tout ce qui pourrait présenter des divergences avec elles. Pour les autres pays, cela revenait effectivement à les faire entrer mécaniquement et de force dans un moule.

Le TPP se trouve aujourd'hui clairement dans l'impasse. Quelle est alors la bonne façon de faire face aux nouveaux changements de la mondialisation ? La réponse à cette question est simple : discuter, construire et partager ensemble.

(Jia Jinjing, chercheur principal à l'Institut des finances Chongyang de l'Université Renmin de Chine)

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :