Dernière mise à jour à 08h33 le 27/04
Une scientifique espagnole a découvert que le ver de cire, une chenille typiquement utilisée pour servir d'appât pour les pêcheurs et connue aussi pour endommager les ruches en dévorant leur cadre de cire -d'où son nom- apprécie aussi un matériau bien différent : les sacs en plastique. Cette scientifique, Federica Bertocchini, de l'Institut de biomédecine et de biotechnologie de Cantabrie en Espagne a remarqué l'appétence de ces vers pour les matières plastiques quand elle a procédé au nettoyage d'une infestation de vers de cire dans une des ruches qu'elle a chez elle. Elle a mis les vers dans un sac en plastique, l'a fermé et a mis le sac dans une pièce de sa maison tandis qu'elle finissait de nettoyer la ruche. Mais quand elle est revenue dans la pièce, « ils étaient partout », a-t-elle dit dans un communiqué. Ils s'étaient échappés en se débarrassant du sac, et rapidement.
« C'est ici que ce projet a commencé », a-t-elle dit. Dans un article publié dans Current Biology le lundi 24 avril, Federica Bertocchini et ses collègues ont décrit 100 vers de cire mâchant un sac à provisions en polyéthylène -du même genre que ceux que nous rejetons au rythme de 1 000 milliards par an dans le monde- en l'espace de 40 minutes environ . Après 12 heures, le sac avait été considérablement déchiqueté. Belle découverte, mais qui ne suffisait pas aux scientifiques : pour s'assurer que les vers ne se contentaient pas seulement mâcher le plastique, mais le mangeaient réellement, les chercheurs ont réduit les vers en purée et laissé la pâte en contact avec le plastique; Après 14 heures, environ 13% du plastique avait disparu, ce qui suggère que certains composés du système digestif du ver avaient vraiment digéré le sac. Les chercheurs ont également fouillé les sacs mâchés à la recherche de résidus et ont trouvé que de l'éthylène glycol -le composé principal de l'antigel- avait été laissé sur place, « confirmant la dégradation [du polyéthylène] ».
Une fois mis à la décharge, les sacs à provisions en plastique de polyéthylène ne se décomposent pas avant un temps vraiment très long -certains chercheurs estiment que les sacs et autres emballages en polyéthylène peuvent demander entre 100 et 400 ans pour se dégrader naturellement. Ce constat a incité à la recherche d'un « digesteur » biologique pour accélérer la dégradation des plastiques ; en 2011, les chercheurs ont trouvé un champignon qui capable d'éroder le polyuréthane, un autre plastique commun s'accumulant dans les tas de déchets et les océans dans le monde entier. Une autre équipe de recherche en 2014 a constaté que les bactéries contenues dans les systèmes digestifs des vers de cire pouvaient commencer à dégrader le polyéthylène après environ deux mois. Mais les vers de Federica Bertocchini ont fait beaucoup plus de dégâts, et beaucoup plus vite.
Bien que la découverte soit loin d'être une solution utile au problème des déchets plastiques (les vers ne pourraient pas survivre dans l'environnement zéro-oxygène d'une décharge, par exemple) Federica Bertocchini a déclaré qu'elle espérait trouver l'enzyme utilisée par les vers pour décomposer le plastique : « Peut-être que nous pourrons trouver la molécule et la produire à grande échelle plutôt que d'utiliser un million de vers dans un sac en plastique », a-t-elle conclu. À l’état sauvage, le ver de cire, une larve d'un papillon de nuit, parasite les ruches où il se nourrit du miel et de la cire d’abeille, une substance chimique (esters d’acides gras et d’alcools) ressemblant beaucoup au polyéthylène. La larve atteint 3 cm de long et vit 6 à 7 semaines en sécrétant des galeries et un cocon en soie. Élevée par l’homme, elle sert d’appât pour la pêche ou de nourriture pour les collectionneurs de reptiles.