Dernière mise à jour à 08h45 le 25/04
C'est avec une certaine réticence que Ma Xiaobing a modernisé son stand de kebab en investissant dans un dispositif de contrôle de la fumée, mais ses affaires sont aujourd'hui bien meilleures.
"Dans le passé, nous rôtissions quotidiennement quatre gigots d'agneau. Actuellement, une vingtaine sont nécessaires chaque jour", indique M. Ma, originaire de Lanzhou, capitale de la province chinoise du Gansu (nord-ouest). "Il y a davantage de clients, et nous sommes plus occupés que jamais".
Lanzhou, une ville située dans la vallée du fleuve Jaune, dans le nord-ouest aride du pays, comptait parmi les villes chinoises les plus polluées. La pollution était tellement grave que les gens plaisantaient que la ville était invisible sur les images satellites.
De fortes mesures de lutte contre la pollution ont permis de réduire la densité des PM10 et des PM2,5 dans la ville à moins de 75% des niveaux de 2013. L'année dernière, le nombre annuel des jours de ciel bleu a augmenté de 50 pour atteindre 243.
La capitale provinciale est devenue "un modèle en matière d'amélioration de la qualité de l'air", selon une équipe d'inspection centrale. La consommation annuelle de charbon dans la ville est passée de dix millions de tonnes en 2012 à quelque six millions de tonnes l'année dernière.
L'une des mesures prises par Lanzhou est la mobilisation des fonctionnaires au niveau de base dans cette lutte. Yang Mingyan, employé d'un bureau de quartier, est l'un des 10.000 superviseurs de la pollution de la ville.
"Tous les matins, je vérifie la zone dont je m'occupe pour voir qui brûle quoi et si du charbon et du bois de qualité inférieure sont utilisés. Si je découvre un problème, je demande à la personne responsable d'arrêter. Si elle ne m'écoute pas, je signale le problème aux autorités supérieures".
Toutes les villes ont des politiques de lutte contre la pollution, mais à Lanzhou, ces politiques sont strictement mises en oeuvre.
"Certaines villes ont peur ou sont incapables de faire face aux grandes entreprises en matière de protection de l'environnement, craignant que cela n'affecte leur économie, mais Lanzhou n'a pas ce genre de problème", note Xing Lifeng, directeur adjoint du bureau de la protection de l'environnement de Lanzhou.
Le bureau a même imposé une amende à une grande entreprise pétrochimique publique et a demandé à certaines sociétés de présenter leurs excuses aux citoyens.
Certains fonctionnaires ont été sanctionnés pour avoir omis de s'acquitter de manière appropriée de leurs tâches de contrôle de la pollution, tandis que ceux qui ont manifesté plus d'enthousiasme ont été promus.
"En fait, un grand nombre de nos mesures ne sont pas très innovantes, mais à Lanzhou, les pollueurs sont soumis à la loi dans toute sa vigueur", précise M. Xing.
Certaines villes fortement polluées, telles que Shijiazhuang et Zhengzhou, ont envoyé des fonctionnaires à Lanzhou apprendre de ses expériences de première main.
De nombreux succès de Lanzhou sont facilement transposables à d'autres lieux, estime Ma Jianmin, professeur à l'Université de Lanzhou.
Par exemple, les données de surveillance en ligne sont de bonnes mesures, mais c'est une pratique normale pour le personnel à Lanzhou de se rendre auprès des grands pollueurs et de voir exactement ce qui se passe, ajoute-t-il.
Le gouvernement espère que les jours de bonne qualité de l'air représenteront plus de 80% de l'année dans toutes les villes de niveau préfectoral ou supérieur d'ici 2020. Il s'agit d'un objectif ambitieux, et Lanzhou ne l'a pas encore réalisé.
"Il reste encore certains moyens pour Lanzhou d'atteindre ce but. La pollution diminue d'abord en traitant ce qui est le plus facile à contrôler. La lutte contre la pollution est ainsi de plus en plus difficile, et notre travail devient plus dur avec chaque succès", indique Chen Yimin, fonctionnaire de la protection de l'environnement de Lanzhou.