Dernière mise à jour à 08h33 le 27/04
Des éléments du très controversé système anti-missiles fabriqué aux États-Unis et conçu pour atténuer la menace des missiles nord-coréens ont été transportés vers le site de déploiement prévu en Corée du Sud. Selon un communiqué du Ministère sud-coréen de la défense publié mercredi, les camions qui transportent des composants du système de défense de zone à haute altitude (THAAD) sont entrés dans le site de la Province de Gyeongsang, dans le Nord du pays. « La Corée du Sud et les États-Unis ont travaillé pour assurer la capacité opérationnelle du système THAAD en prévision de la menace avancée que représente la Corée du Nord en matière de missiles nucléaires », a déclaré le communiqué, ajoutant que « Cette mesure avait pour but de sécuriser la capacité opérationnelle en plaçant certaines parties du système THAAD sur le site de déploiement ».
Le système de missiles a déclenché la colère de la Corée du Nord et a également suscité une forte opposition de la Chine, qui la considère comme une menace pour sa propre sécurité. « Nous avons exprimé nos fortes inquiétudes aux États-Unis et à la Corée du Sud », avait déclaré vendredi Geng Shuang le porte-parole du Ministère chinois des affaires étrangères. « Le déploiement américano-coréen du système THAAD en Corée du Sud nuira à l'équilibre stratégique dans la région et exacerbera encore les tensions dans la péninsule coréenne. La Chine exhorte vivement les États-Unis et la Corée du Sud à arrêter les actions susceptibles d'augmenter les tensions régionales et qui nuiraient aux intérêts stratégiques et sécuritaires de la Chine en annulant le déploiement du système THAAD et en retirant les équipements pertinents ». Il a ajouté que la Chine « prendrait fermement les mesures nécessaires pour sauvegarder ses propres intérêts ».
Dans le comté de Seongju, à l'emplacement du site du système THAAD, quelque 4 000 policiers étaient présents pour assurer la livraison de l'équipement, car en Corée du Sud, la décision est loin de faire l'unanimité aussi. Près de 400 manifestants étaient présents lors d'une manifestation près du site, et la police en tenue anti-émeutes a bloqué les manifestants au fur et à mesure que l'équipement passait sur des camions militaires. Hwang Soo-young, activiste du groupe de surveillance du gouvernement Solidarité populaire pour la démocratie participative (PSPD), était sur le lieu de la manifestation mercredi matin. Elle a affirmé que les manifestations ont tourné à la violence après que « la police ait repoussé les résidents », affirmant que six personnes ont été blessées dans les échauffourées. Elle a déclaré que des véhicules avec des équipements « comme des radars, des lanceurs et des générateurs » ont commencé à passer dans le village de Soseongri vers 4h45. Les habitants locaux se plaignent de ne pas avoir été consultés sur la décision de déployer le système de missiles près de leur domicile. La voix des populations locales « n'a jamais été entendue, on n'a jamais rien demandé à ces personnes », a-t-elle déclaré.
L'objectif actuel est d'avoir un système complet pleinement opérationnel d'ici la fin de cette année, mais les États-Unis et la Corée du Sud ont souligné publiquement la nécessité d'accélérer le déploiement de la technologie au fur et à mesure du renforcement des tensions avec Pyongyang. Le système THAAD est conçu pour abattre des missiles balistiques courts, moyens et intermédiaires qui menacent les populations civiles, justement le type d'armes que la Corée du Nord affirme avoir. Chaque système THAAD est composé de cinq composantes majeures : des intercepteurs, des lanceurs, un radar, une unité de lutte contre l'incendie et des équipements de soutien, selon Lockheed Martin, la société de sécurité et d'aérospatiale qui sert de maître d'œuvre pour l'équipement. L'annonce de déploiement du système THAAD a également fait face à l'opposition de nombreux habitants du comté de Seongju, près du site de déploiement, et la critique de la décision de le déployer -dans le contexte de militarisation accrue de la péninsule coréenne- fut aussi un élément clé des manifestations qui contribuèrent à faire tomber l'ancienne Présidente Park Geun-hye. « La décision prise par le gouvernement de déployer le système THAAD n'était pas démocratique du tout », a déclaré Baek Ga-yoon, coordinateur du Centre pour la paix et le désarmement, qui préconise une péninsule coréenne sans nucléaire.