Marseille, future escale de la Route maritime de la soie?

Sur un flanc de coteau de Marseille, dans le sud de la France, pointant le sol d'une main et ponctuant son discours de l'autre, le maire Jean-Claude Gaudin s'est exclamé : "Ce projet est une réelle opportunité pour Marseille!".

Derrière lui, on pouvait distinguer des lanternes chinoises rouges placées haut et juste à côté des lettres géantes formant le mot "MARSEILLE" façon Hollywood.

Le 10 février dernier, le premier coup de pioche du Marseille International Fashion Center (MIF68) a été donné sur le terrain même où M. Gaudin se trouvait. Avec des investissements chinois d'un montant de 30 millions d'euros (environ 32 millions de dollars), ce marché de gros textile sera érigé sur les collines qui surplombent la Méditerranée à dix minutes du Vieux-Port.

D'ici juillet, un ensemble de bâtiments modernes faits de conteneurs colorés apparaîtra ici, apportant de nouveaux emplois, davantage d'échanges commerciaux et la prospérité à la cité phocéenne.

Ceux qui connaissent Marseille sont impressionnées par son centre-ville submergé par les grossistes. Pour des raisons historiques, les vieilles rues du centre-ville sont étroites et en zigzag, ne permettent pas à deux véhicules de passer en même temps.

Aussi, lorsqu'un camion s'arrête pour décharger, toute la rue est bloquée. Les bousculades et les disputes entre piétons, commerçants et camionneurs y sont devenus monnaie courante.

"Cela rend Marseille incapable de faire face à l'afflux de marchandises venues de toutes les régions du monde en cette période de mondialisation", a déploré le maire.

C'est pourquoi le MIF68 offre une solution idéale. Relié à une autoroute de grande qualité et situé près du futur port de conteneurs, il ne faut que 15 minutes en voiture pour aller du MIF68 à l'aéroport de Marignane.

Dans le futur centre, chaque grossiste occupera deux conteneurs superposés, disposant d'une superficie totale de 170m2, ce qui permettra de présenter facilement les marchandises. M. Gaudin a prédit que le MIF68 attirera de nombreux clients internationaux, donnant un sérieux atout aux grossistes locaux et renforçant le statut stratégique du Port de Marseille.

En outre, le centre accueillera 200 boutiques, créant de nombreux emplois pour la ville. C'est pourquoi le maire a souligné que ce serait "un projet vraiment stratégique" dont Marseille a besoin.

D'un point de vue mondial, le MIF68 n'ambitionnera pas non seulement de rendre Marseille plus prospère, mais aussi de jeter une passerelle entre la province chinoise du Zhejiang (est), le sud de la France et l'Afrique du Nord, facilitant les flux commerciaux qui s'étendent sur des milliers de kilomètres à travers plusieurs océans. Sa construction cadre bien avec l'initiative "la Ceinture et la Route" proposée en 2013 par la Chine.

Le MIF68 constitue un sujet intarissable pour Chen Dingguo, chef de l'Association des entreprises chinoises du sud de la France. Selon lui, de nombreux produits du Zhejiang seront déchargés à Marseille, avant d'y être présentés dans le nouveau centre, tandis que les clients nord-africains viendront à Marseille pour sélectionner les produits qu'ils souhaitent importer et les transférer directement chez eux par bateau ou par avion.

Avec le MIF68, la rapidité des transactions et la quantité des échanges commerciaux seront grandement améliorées, a prédit M. Chen. En outre, a-t-il poursuivi, "des produits populaires en France comme les huiles essentielles et les savons seront exportés vers la Chine et l'Afrique du Nord de façon plus pratique".

La patronne du Port de Marseille, Christine Cabau Woehrel, s'est dite certaine à Xinhua qu'après la création du MIF68, "le volume des cargaisons de la Chine vers le Port de Marseille augmentera, ce qui est certainement une bonne chose pour le port".

Le consul général chinois à Marseille, Zhu Liying, est lui aussi convaincu que "Marseille est appelée à jouer un rôle important dans la mise en oeuvre de l'initiative 'la Ceinture et la Route'".