Dernière mise à jour à 08h28 le 12/06
Quatre jours après l'agression au marteau d'un policier sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le procureur de la République de Paris, François Molins, a annoncé, samedi après-midi, lors d'une conférence de presse, que l'assaillant allait être présenté à un juge antiterroriste en vue d'une mise en examen.
François Molins a fait le point sur l'enquête relative à l'agression d'une patrouille de police qui s'est déroulée mardi sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans un quartier touristique. En détention provisoire, l'assaillant qui a blessé un policier va être présenté dans les heures à venir à un juge antiterroriste en vue d'une mise en examen, a indiqué aux médias le procureur de la République de Paris. Une information judiciaire a été ouverte à son encontre pour tentative d'assassinat.
François Molins a par ailleurs dévoilé à la presse quelques éléments concernant le profil de l'agresseur, Farid I. qui a "immédiatement reconnu les faits". "En situation régulière sur le territoire français, professionnellement inséré, jamais condamné, inconnu des services spécialisés, il n'a jamais montré à ses proches des signes de radicalisation", a déclaré le procureur de la République.
Il n'a pas de "contacts établis avec des individus établis en zone irako-syrienne", a-t-il précisé. François Molins a évoqué un "profil néophyte que les services de lutte contre le terrorisme redoutent tout autant que les profils plus aguerris", et appelé à la prudence face à "une menace terroriste protéiforme".
Farid I. est né en Algérie en janvier 1977, et était inscrit depuis 2014 comme doctorant en sciences de l'information de l'université de Lorraine, à Metz (région Grand Est). Son directeur de thèse décrit, selon François Molins, "quelqu'un d'ouvert, d'intelligent, travailleur, fervent défenseur de la démocratie occidentale". Un frère et un cousin l'ont quant à eux présenté comme "un individu solitaire, discret, sérieux, calme, issu d'une famille kabyle peu pratiquante", a ajouté le procureur.
Si l'agresseur était inconnu des services de renseignement, une vidéo dans laquelle il prêtait allégeance à l'Organisation État islamique (EI) a été retrouvée dans sa résidence étudiante de Cergy (Val-d'Oise). Le procureur a confirmé que cette vidéo a été enregistrée avec l'appareil photo de l'assaillant. Elle met en scène "un individu de profil" qui se tient devant la photocopie du drapeau de l'État islamique et "lit un texte d'allégeance en arabe et en français".
L'examen de différents supports numériques a permis de constater la présence de "nombreux fichiers de propagande djihadiste", a déclaré François Molins. "C'est imprégné de la propagande de l'EI que Farid I. a agi", a-t-il affirmé.
Si rien ne permet jusqu'ici d'établir des connections avec un réseau, le procureur a toutefois relevé la présence de l'application Telegram, que l'assaillant a reconnu avoir téléchargé le matin de son acte.
Face aux enquêteurs, Farid I. s'est décrit comme un musulman sunnite avec une pratique "plutôt dure", depuis une dizaine de mois selon lui, a indiqué le procureur. Il a affirmé s'être radicalisé seul sur Internet.
"L'information judiciaire devrait donc s'attacher à mieux cerner le profil de Farid I. et à dater de la manière la plus précise possible le début de son processus de radicalisation", a déclaré le procureur, qui a fait état de contenus djihadistes présents depuis au moins janvier 2017 sur les appareils de l'assaillant.