Dernière mise à jour à 08h53 le 12/06

Page d'accueil>>International

Porto Rico va-t-il devenir le 51e État des États-Unis ?

le Quotidien du Peuple en ligne | 12.06.2017 08h50

Dimanche, les habitants de Porto Rico, territoire englué dans une crise qui a déclenché un exode des insulaires vers le continent, ont été appelés à se prononcer par référendum sur leur avenir, et à voter sur leurs relations plutôt complexes avec les États-Unis : en clair, devenir un véritable État américain, choisir l'indépendance ou maintenir le statu quo, celui d’État libre associé à l'Amérique, situation dans laquelle se trouve Porto Rico depuis 1952, après être devenu territoire américain suite à la guerre entre l'Espagne et les États-Unis en 1898. Mais, quel que soit le choix des Portoricains, c'est le Congrès qui aura le dernier mot en ayant la possibilité définitivement d'approuver le résultat du référendum.

Les partisans de l'adhésion en tant qu'État devraient dominer le vote parce que trois partis qui favorisent d'autres options, y compris le principal parti d'opposition de l'île, ont décidé de boycotter le scrutin. Parmi ceux qui espèrent que Porto Rico deviendra la 51 étoile du drapeau américain, Ana Maria Garcia, une administratrice commerciale de 52 ans qui est arrivée avec sa famille à vélo pour voter dimanche. Porto Rico gagnerait grandement à être un État dès maintenant compte tenu de la crise », a-t-elle déclaré. « Cela offrirait une stabilité ». Beaucoup croient que le statut territorial de l'île a contribué à sa récession économique qui dure depuis 10 ans et qui a été largement déclenchée par des décennies de lourds emprunts et la disparition des incitations fiscales fédérales. Porto Rico est exonéré de l'impôt sur le revenu fédéral des États-Unis, mais il paie toujours l'assurance-maladie et sociale et les taxes locales et reçoit moins de fonds fédéraux que les autres États des États-Unis.

Le référendum a coïncidé avec le 100e anniversaire de l'octroi de la citoyenneté américaine aux Porto-Ricains par les États-Unis, bien qu'ils ne soient pas autorisés à voter aux élections présidentielles et ne possèdent qu'un représentant au Congrès avec des pouvoirs de vote limités. « Je crois au principe de l'égalité », a déclaré Moraima Mendez, avocate qui a étudié en Indiana et a voté en faveur du statut d’État. « Je veux être sur un pied d'égalité avec les États-Unis ... Je veux que tout le monde ait ici tout ce que j'avais là-bas ». Près d'un demi-million de Portoricains sont partis vers le continent américain au cours de la dernière décennie à la recherche d'un coût de la vie plus abordable ou d'emplois, car l'île de 3,4 millions d'habitants fait face à un taux de chômage de 12%. Ceux qui sont restés là ont été touchés par de nouvelles taxes et des factures de services publics plus élevés dans une île où la nourriture est 22% plus chère que sur le continent américain et les services publics 64% plus chers.

Ceux qui s'opposent au statut d’État craignent que l'île perde son identité culturelle et ont averti que Porto Rico sera financièrement encore plus en difficulté parce qu'elle sera contrainte de payer des millions de Dollars en taxes fédérales. « Le coût du statut d'État sur le portefeuille de chaque citoyen, de chaque entreprise, de chaque industrie sera dévastateur », a déclaré à l'Associated Press Carlos Delegado, secrétaire du Parti démocrate populaire de l'opposition. « Tout ce que nous pourrions recevoir en fonds fédéraux supplémentaires sera annulé par le montant des taxes que l'île devra payer ». Son parti a également noté que le Département de la justice des États-Unis n'a pas soutenu le référendum.

Un porte-parole du ministère a déclaré à l'Associated Press que le ministère n'a ni examiné ni approuvé la langue du bulletin de vote. En avril, les fonctionnaires fédéraux en avril ont rejeté une version originale, en partie parce qu'elle n'offrait pas le statut actuel du territoire en tant qu'option. L'administration du gouverneur Ricardo Rossello l'a ajoutée et a renvoyé le scrutin pour examen, mais le ministère a dit qu'il fallait plus de temps et a demandé que le vote soit reporté, ce qui n'a pas été le cas.

Le référendum de dimanche était le cinquième pour Porto Rico. Aucune majorité claire n'avait émergé lors des trois premiers référendums, les électeurs se répartissant presque uniformément entre le statut d’État et le statu quo. Au cours du dernier référendum en 2012, 54% avaient déclaré vouloir un changement de statut. 61%, qui avaient répondu à une deuxième question, avaient déclaré qu'ils étaient en faveur du statut d’État, mais près d'un demi-million d'électeurs avaient laissé cette question en blanc, amenant beaucoup à affirmer que les résultats n'étaient pas légitimes. Dimanche, certains partisans du statut d’État ont exprimé leur consternation face à certains centres de vote, qui semblaient vides. « Nous sommes pires que ce que je pensais, en ce sens que nous nous foutons de ce qui arrive à cette île », a déclaré Jose Miranda, un producteur de télévision et de radio à la retraite qui a vécu 30 ans sur le continent américain. « C'est un rêve », a-t-il dit. « Ce dont nous avons besoin ici, c'est d'un changement radical ».

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :