Dernière mise à jour à 08h36 le 01/03
La décision du gouvernement de recourir aux ordonnances pour faire adopter sa réforme de la SNCF se heurte d'ores et déjà à une vive opposition des syndicats, qui s'organisent pour faire face à ce qu'ils qualifient de "passage en force" inadmissible. La CGT, la CFDT, FO ou encore SUD Rail, qui avaient annoncé des dates de manifestations différentes, se sont retrouvés le mardi 27 février pour harmoniser leur position et ainsi mener ensemble le combat contre cette initiative du gouvernement.
"Nous avons convenus d'une alerte sociale dès demain soir (mercredi) en prévision de dépôt de préavis de grève. Nous reverrons en intersyndicale le 15 mars pour décider de la suite", a déclaré mardi à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT des cheminots, au sortir de leur rencontre. Selon ce syndicaliste, le mot d'ordre reste le même : "Si le gouvernement devait choisir le passage en force sur la casse de l'entreprise, du service public et du social, alors nous engagerons en ce moment là le rapport de force avec lui".
Dans le viseur des syndicats, la fin annoncée du recrutement au statut de cheminot, une des mesures phares proposées par le gouvernement pour sortir le rail français de son endettement chronique. "Je défie le Premier ministre de me faire la démonstration que c'est à cause du statut des cheminots qu'il y a des problèmes à la SNCF. C'est la notion de service public qui est en danger, et la réponse sera appropriée", a déclaré sur RMC le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
François Grasa de Force Ouvrière dénonce également la fin de ce statut des cheminots, synonyme selon lui de destruction de la SNCF de 1938. "Réunissons-nous et préparons la riposte à la hauteur de ce qui est engagé", a-t-il lancé sur CNews. Didier Auber, secrétaire général de la CFDT des cheminots, a aussi rappelé dans la foulée la nécessité de créer une unité syndicale et "d'engager la riposte très rapidement puisque le gouvernement veut aller vite sur cette réforme, ce que nous contestons".
Mais pour la ministre des Transports, Elisabeth Borne, contrairement à ce qu'avancent les syndicats, le gouvernement veut un meilleur service public ferroviaire pour tous les français. "Il y a urgence à agir et en même temps on veut de la concertation. Je suis parfaitement consciente que les cheminots ont un métier difficile, mais je pense qu'ils savent aussi très bien qu'il faut que ça change", a répliqué Mme Borne sur BFMTV.
Le statut des cheminots, point de discorde entre le gouvernement et les syndicats, a été mis en place dans les années 1920 pour encourager les ouvriers qui effectuent un travail jugé difficile. Il présente plusieurs avantages, tels que les augmentations de salaire chaque année, un départ à la retraite après 41 années de cotisation et un emploi à vie pour les nouvelles recrues après un à deux ans de période d'essai.
Or, le Premier ministre Edouard Philippe a indiqué lundi lors de la présentation de la stratégie de réforme de la SNCF que si le monde change, la SNCF doit changer aussi. "Tous ceux qui veulent s'engager dans la SNCF, ils bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail. A l'avenir, à une date qui sera soumise à la concertation, il n'y aura plus de recrutements au statut", a annoncé M. Philippe.
Le Premier ministre français a également affirmé, en prévision aux réactions des syndicats, la détermination du gouvernement à faire voter les "principes clés" de la réforme avant l'été, laissant entendre la possibilité de recourir aux ordonnances. "Nous voulons aller vite sans escamoter la concertation [...]. Le recours aux ordonnances permettra de mener de large concertations. Les ordonnances travail ont prouvé que cette méthode ne confisquait aucunement le débat, bien au contraire", a-t-il commenté.
Selon un sondage de Harris Interactive pour RMC et Atlantico publié mardi, 69% des Français se disent favorables à la fin du statut de cheminot comme le souhaite le gouvernement, contre 31%. En outre, 54% des français sont favorables au recours aux ordonnances pour faire adopter cette réforme de la SNCF, tandis que 46% s'y opposent.