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ONU : Macron fustige l'unilatéralisme et se pose en opposant à Trump

Xinhua | 27.09.2018 08h32

Le président français Emmanuel Macron a fustigé mardi l'unilatéralisme et dénoncé "la loi du plus fort", désignant, sans le nommer, le président américain Donald Trump qui s'était exprimé une heure avant lui devant la 73e Assemblée générale des Nations Unies, à New York.

Son discours a résonné comme une réponse presque point par point aux propos de son homologue américain. Sans citer nommément Donald Trump, le président français l'a clairement désigné en dénonçant la "loi du plus fort" et les errements de l'unilatéralisme.

"Née d'une espérance, l'ONU peut devenir, comme la Société des Nations qui l'a précédée, le symbole d'une impuissance. Et nul n'est besoin de chercher les responsables de ce délitement : ils sont ici, dans cette assemblée. Ils prennent la parole aujourd'hui. Les responsables, ce sont les dirigeants que nous sommes", a-t-il d'abord lancé aux chefs d'Etat et de gouvernement.

"Face aux déséquilibres contemporains, je ne crois pas à la loi du plus fort, quand bien même elle s'habillerait d'une forme de légitimité là où elle a perdu en réalité toute espèce de légalité", a-t-il poursuivi.

"La voie de l'unilatéralisme nous conduit directement au repli et au conflit, à la confrontation généralisée de tous contre tous, au détriment de chacun, même de celui à terme qui se croit le plus fort", a renchéri le chef de l'Etat français.

"La loi du plus fort ne protège aucun peuple contre quelque menace que ce soit, qu'elle soit chimique ou nucléaire", a-t-il insisté en évoquant le dossier iranien, emblématique de son opposition à Donald Trump en matière de politique étrangère.

Le président américain a désengagé en mai dernier son pays de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre l'Iran et le groupe P5+1, à savoir les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, France, Russie, Royaume-Uni) et l'Allemagne.

"Qu'est-ce qui permettra de régler véritablement la situation en Iran et qu'est-ce qui déjà a commencé à permettre de la stabiliser? La loi du plus fort? La pression d'un seul ? Non! Nous savons que l'Iran était sur la voie du nucléaire militaire, mais qu'est-ce qui l'a stoppé? L'accord de Vienne de 2015", a martelé Emmanuel Macron.

"Qu'est-ce qui réglera le problème des déséquilibres commerciaux et toutes leurs conséquences sur nos sociétés? Des règles communes adaptées à la réalité d'aujourd'hui et permettant d'assurer des conditions de concurrence loyale, égale et en aucun cas un traitement bilatéral de tous nos différends commerciaux ou un nouveau protectionnisme", a-t-il poursuivi, alors que l'instauration de salves de taxes douanières par les Etats-Unis menace de plonger l'économie mondiale dans une guerre commerciale.

"Qu'est-ce qui permettra de régler la crise entre Israël et la Palestine? Pas des initiatives unilatérales, ni le fait d'ignorer les droits légitimes des Palestiniens pour obtenir une paix durable, ni de sous-estimer le droit légitime des Israéliens à leur sécurité", a continué Emmanuel Macron désignant sans ambiguïté la politique de l'administration Trump au Proche-Orient.

En décembre 2017, le président américain a décidé unilatéralement de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, prenant le risque de déstabiliser toute la région. Il vient par ailleurs de mettre fin à l'essentiel du financement américain de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Sur la question migratoire, M. Macron a également dénoncé en filigrane la posture américaine. "Face au grand défi migratoire, je ne crois pas aux discours d'ouverture inconditionnelle, ils ne font que provoquer l'inquiétude et accroître l'intolérance. Je ne crois pas davantage aux discours mensongers de ceux qui prétendent, par exemple, en Europe comme ailleurs, qu'ils seront plus forts abrités derrière une fermeture des frontières, ce n'est pas vrai", a-t-il dit.

Le retrait américain de l'accord de Paris sur le changement climatique a également été critiqué sans ambiguïté par Emmanuel Macron. "Face aux dérèglements climatiques, là non plus, il n'y a pas de passagers clandestins ou de solution facile. Même ceux qui contestent la réalité en subissent les conséquences comme tous les autres. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont aujourd'hui quotidiens. Et en affaiblissant l'action collective, certains ne font que s'exposer davantage eux-mêmes", a-t-il lancé.

"La décomposition annoncée de l'Accord de Paris a été déjouée, parce que nous avons su rester unis, malgré la décision américaine de s'en retirer", a-t-il estimé.

"Ne vous habituez pas, n'acceptons pas toutes ces formes d'unilatéralisme!", a lancé le président français à la fin de son vibrant plaidoyer. "Parce que n'oubliez jamais que les génocides qui ont fait que vous êtes là aujourd'hui, ils étaient nourris par les discours auxquels nous nous habituons, parce qu'ils ont été nourris par les succès d'estrade que nous applaudissons, parce que nous sommes en train aujourd'hui de voir se déliter ce droit international, toutes les formes de coopération comme si de rien n'était par peur, par complicité, parce que ça fait bien !", a-t-il prévenu.

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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