Dernière mise à jour à 12h38 le 11/02
Après deux semaines de couvre-feu généralisé, le gouvernement français reste toujours fidèle à sa ligne, et écarte pour l'instant l'hypothèse d'un reconfinement. Ce, malgré la persistance des scientifiques et soignants sur la nécessité d'agir pour freiner la progression des variants - d'origine anglaise, sud-africaine et brésilienne - déjà identifiés sur le territoire.
"Il existe bien un chemin pour éviter le reconfinement. Ce chemin n'est pas large mais il existe, et nous aurions tort de ne pas tout mettre en oeuvre pour y parvenir", a déclaré mercredi 10 février, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à l'issue d'un nouveau conseil de défense sur le COVID-19, suivi d'un conseil des ministres.
Le gouvernement maintient ainsi le couvre-feu en vigueur depuis maintenant deux semaines tout en étant très attentif à l'évolution des variants du virus. Pour M. Attal, éviter le confinement suppose "de suivre avec la plus grande attention la propagation des variants qui explique le risque d'emballement épidémique redouté".
Le porte-parole du gouvernement a décrit une situation épidémiologique toujours fragile avec "un plateau haut, légèrement déclinant".
"Nous restons donc sur nos gardes et poursuivons le déploiement de notre stratégie", a expliqué M. Attal
Pour le ministre de la Santé Olivier Véran, le reconfinement devait être une mesure d'ultime recours, et n'est pas encore à l'ordre du jour. "À ce stade, le président de la République a eu raison de ne pas décider du confinement généralisé il y a 15 jours, et la situation aujourd'hui ne justifie pas de mesure de confinement généralisée", a expliqué M. Véran à la veille du conseil de défense, mardi 9 février sur Franceinfo.
Le ministre de la Santé a même annoncé la possibilité "qu'on ne soit jamais reconfiné". "Chaque semaine que nous gagnons sur le confinement c'est une semaine de liberté supplémentaire pour les Français", a-t-il dit.
Seulement, cette ligne du gouvernement est aux antipodes des déclarations de soignants, de professeurs et chercheurs qui redoutent de nouvelle vague à cause des variants, considérés comme étant plus contagieux. La dernière déclaration en date, est de l'infectiologue Gilles Pialloux qui s'alarme de la "poussée incroyable" du variant anglais en Ile-de-France.
"On nous dit, ce n'est pas autant qu'en Angleterre, mais l'Ile-de-France est autour de 39% de nouvelles contaminations" au variant anglais, a indiqué ce mercredi 10 février, M. Pialloux sur RMC. Ce médecin s'inquiète également de l'existence de "clusters de variants anglais dans les hôpitaux parisiens, mélangeant soignants et soignés".
Les soignants et scientifiques alertent depuis plusieurs semaines sur la nécessité d'agir pour freiner la propagation des variants du virus. "Si on ne fait rien, on risque de se retrouver avec une augmentation du nombre de cas" de variant anglais, a prévenu mercredi dernier sur BFMTV, Bruno Lina, membre du conseil scientifique du COVID-19.
L'épidémiologiste et chercheur, Arnaud Fontanet a aussi décrit le même jour, une situation préoccupante : "les semaines qui viennent seront décisives. Le variant anglais circule dans toutes les classes d'âge, et serait 30% plus létal", a-t-il annoncé.
Les chiffres enregistrés ces dernières 24 heures indiquent que le nombre d'hospitalisation reste élevé avec 27.461 personnes. On note toutefois une légère baisse du nombre de patients en réanimation, 3.319 personnes selon la Santé publique France. La France a franchi depuis mardi 10 février la barre des 80.000 décès causés par le COVID-19.