Dernière mise à jour à 09h05 le 09/10
Un jour d'été, une pluie torrentielle s'abattait sur un terrain de sport à Beijing, alors qu'un groupe de garçons ouïgours continuaient à jouer au football.
Leur entraîneur, Parhat Mamtemin, les a appelés à plusieurs reprises pour qu'ils s'abritent de la pluie, mais en vain. "Ils ne m'écoutent pas, et insistent pour jouer", a soupiré l'entraîneur.
L'équipe, venue du district de Moyu, dans la préfecture de Hotan, de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, a remporté un tournoi national de football des jeunes en août à Jinzhou, dans la province chinoise du Liaoning (nord-est).
Les garçons ont remporté l'ensemble des onze matchs en marquant 92 buts, une performance excellente jamais réalisée par cette équipe.
"J'avais joué comme attaquant dans notre équipe", a dit Azimat, âgé de douze ans, avec un air fier, "juste comme Cristiano Ronaldo".
Contrairement à son icône, il a raté plusieurs opportunités de marquer un but en raison de sa vitesse. Prenant en compte son caractère très calme, Parhat, l'entraîneur, l'a placé au poste de gardien, où il a très bien joué.
Lors du dernier tournoi à Jinzhou, il n'a encaissé que trois buts, apportant une grande contribution à la victoire de l'équipe.
Cependant, les parents d'Azimat ne le soutenaient pas dans le fait de jouer au football dans l'équipe. "De nombreux parents en Chine ne reconnaissent pas l'importance du sport", a expliqué Parhat. "Selon eux, le sport, y compris le football, n'est qu'une récréation".
Élargissement des horizons
Au début, certains parents interrompaient souvent l'entraînement et forçaient leurs enfants à quitter l'équipe.
Mais quand ils voyaient leurs enfants partir dans tout le pays pour jouer au football, ils acceptaient progressivement la passion de leurs enfants pour "ce jeu magnifique". "Ils se sont rendus compte que le football pouvait élargir les horizons de leurs enfants", a expliqué Parhat.
L'entraîneur, Parhat, est professeur dans une école primaire du village de Kawak, dans le district de Moyu, où il enseigne le chinois et les mathématiques. Il a créé l'équipe de football de l'école en 2006, entraînant de jeunes joueurs après les cours.
Actuellement, son équipe regroupe 40 garçons. Au cours des dix dernières années, plus de 200 écoliers ont participé aux sessions d'entraînement.
Aucun de ses écoliers n'est devenu footballeur professionnel. "Notre école se trouve très loin et très peu d'équipes de football peuvent venir sélectionner les jeunes joueurs qui ont du potentiel", a regretté Parhat. Ils ont occasionnellement raté des matchs en raison du manque d'informations.
"C'est la situation générale du football à l'école dans les régions lointaines au Xinjiang", a avoué l'entraîneur, "mais les enfants aiment bien jouer".
La région manque aussi d'emplacements plats et d'un système professionnel d'entraînement. Heureusement, l'équipe de Parhat a bénéficié d'un fonds du gouvernement et d'un don social. En avril, le footballeur professionnel chinois à la retraite Gao Leilei a invité l'équipe en Espagne pour un entraînement d'un mois.
L'âge d'or
Chaque membre de l'équipe a son propre rêve. Azimat rêve de jouer au poste d'attaquant comme Ronaldo, alors que son entraîneur, Parhat, espère diriger les garçons vers la gloire dans des compétitions en Chine, et faire du football une spécialité dans son école primaire.
Le ministère chinois de l'Education a approuvé en juin que le football soit une spécialité dans 14.000 écoles à travers le pays.
Le développement national du football a été intégré en avril dans un plan du gouvernement qui a fixé comme objectif pour la Chine d'entrer dans le "club d'élite" du football et de devenir "une nation du football de première classe mondiale" d'ici 2050.
Le Plan pour le développement du football chinois à moyen et à long terme a mis l'accent sur les progrès du sport d'ici 2050, avec des mesures pragmatiques.
D'ici 2020, la Chine possédera 20.000 écoles spécialisées dans le football alors que 30 millions d'élèves de l'école primaire et du collège seront parmi les 50 millions de Chinois pratiquant ce sport, selon le plan.
Toutes les écoles primaires et secondaires doivent avoir au moins un terrain de football, tandis que les universités répondant aux conditions requises doivent avoir au moins un terrain de football standard. Pour les quatre ans à venir, la Chine doit rénover, remettre à neuf ou construire 60.000 terrains de football à travers le pays et au moins deux terrains de football standards doivent être construits pour le bien du public dans chaque district, sauf dans les régions montagneuses.
"Les écoles spécialisées dans le football apprendront à chaque élève à acquérir des compétences en matière de football", a indiqué Wang Dengfeng, directeur du département de l'éducation physique, de santé et des arts, relevant du ministère de l'Education.
"En termes de popularité et de niveau des connaissances, le football dans les écoles en Chine connaîtra un âge d'or".
Fixer des objectifs
"Malgré tout cela, les sports, y compris le football, feront encore face à l'indifférence, à la pénurie d'entraîneurs et d'installations", a indiqué M. Wang. "Les sports ne sont pas dans le programme éducatif de la Chine, sauf à l'examen d'entrée pour l'école secondaire".
Pour changer la situation, le ministère a formé 15.000 entraîneurs de football pour les écoles à travers le pays et publié une vidéo pour aider à perfectionner les entraînements. Selon M. Wang, un nouveau programme pour le football sera publié en octobre.
La Chine accélérera la construction des installations sportives pour qu'il y ait d'ici 2020 un terrain de sport pour 20.000 personnes, et que le nombre puisse baisser à 10.000 d'ici 2030, afin que la Chine atteigne son objectif de devenir une puissance mondiale du football.
Cependant, les régions urbaines ont peu d'espace pour construire des terrains de football, alors que les régions rurales manquent d'argent, a noté M. Wang.
"Les matchs représentent une plate-forme parfaite pour promouvoir le sport", a-t-il souligné.
Il espère qu'un système de compétitions de football pourra être établi dans les écoles primaires, les collèges et les lycées.
"Les ligues régionales doivent être optimisées", a ajouté ce responsable, prévoyant une émergence des talents du football dans les ligues de tous les niveaux.