Les rapports d'experts sur l'accident ferroviaire de Brétigny du 12 juillet 2013, qui avait fait sept morts et une trentaine de blessés, accablent la SNCF pour des défauts de maintenance, excluant tout "acte de malveillance" et soulignant un "état de délabrement jamais vu par ailleurs".
"Les examens métallurgiques qui ont été effectués permettent d'établir que nous ne sommes pas en présence d'un acte de malveillance", indiquent deux rapports d'experts remis aux juges d'instruction le 25 juin et rendus publics lundi.
"Plus de 200 anomalies de divers degrés de criticité" ont été constatées sur "l'ensemble de l'appareil de voie incriminé" et "la plupart de ces anomalies étaient connues de la SNCF ou de ses agents sans pour autant qu'il y soit remédié de façon adéquate", soulignent les rapports.
"Les prescriptions de maintenance de la SNCF, complexes, parfois difficiles à interpréter ou à appliquer par des hommes de terrain n'ont pas été parfaitement respectées (...) Ceci a conduit à une insuffisance de prise en compte et de traitement des anomalies rencontrées", selon les mêmes sources.
"Il reste aussi important à dire que le personnel SNCF chargé de la mise en œuvre de la maintenance des voies et appareils devrait être choisi, tout d'abord selon des critères de solide formation à la construction mécanique et de surcroît avoir reçu une formation spécialisée approfondie", notent les experts.
Le constat dressé par les experts témoigne d'un "état de délabrement jamais vu par ailleurs" et précise que "l'armement a péri par fatigue, vibrations, battement, défauts de serrage, usure, etc. Tous dommages relevant de la qualité de la maintenance". Et les experts de conclure que l'état du réseau à Brétigny "aurait logiquement dû conduire la SNCF à une surveillance accrue, et surtout adaptée".
Lundi, le procureur d'Evry a confirmé à la presse que l'examen de l'aiguillage faisait apparaître 211 "faits remarquables" dont une centaine de défauts qui n'étaient pas la conséquence de l'accident", selon le journal Le Monde.
En fin d'après-midi, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a réagi lors d'une conférence de presse, se refusant à tout commentaire. "La nature des responsabilité est du domaine de l'instruction judiciaire. Nous n'avons pas été destinataires de ces rapports in extenso. Quant aux extraits de ces rapports, nous les avons obtenus par voie de presse. (...) Nous souhaitons avoir le plus rapidement possible ces rapports pour pouvoir nous expliquer", a-t-il déclaré.